Gouverner la vie sans patron : Une communauté rurale après la plantation (Salta, Argentine)

Governing life without a patron : a rural community after the plantation (Salta, Argentina)

Gobernar la vida sin patrón : una comunidad rural post-plantación (Salta, Argentina)

• Auteur / Autrice : Gala Huilén Agüero
• Direction : Benoît de L'Estoile, Mariano Perelman
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
• Date : Soutenance le 25/09/2023
• Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Universidad de Buenos Aires
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Maurice Halbwachs (Paris)
• Jury : Président / Présidente : Florence Weber
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Benoît de L'Estoile, Mariano Perelman, Florence Weber, João de Pina Cabral, Gilles Laferté, Maïté Boullosa-Joly, María Inés Fernández Álvarez, Jorge Pantaleón
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : João de Pina Cabral, Gilles Laferté

Mots clés

Mots clés contrôlés

Ethnologie

Histoire sociale

Plantations de tabac

Relations humaines

Patronages

Salta (Argentine ; province)

Rites et cérémonies interreligieux

Mots clés libres

Modes de gouvernement

Célébrations religieuses

Patronage

Salta

Tradition

Ethnographie

Modes of government

Religious celebrations

Patronage

Salta

Tradition

Ethnography

Modos de gobierno

Celebraciones religiosas

Patronazgo

Salta

Tradición

Etnografía

Résumé

Cette thèse interroge la reconfiguration des rapports sociaux et des modalités d’organisation de la vie collective d’un village, à la suite de la disparition du système de patronage tenu par des exploitants agricoles de tabac. À partir d’une ethnographie de dix-huit mois, réalisée entre 2014 et 2022, cette thèse étudie les manières dont les habitants d’un village, attachés jusqu’à récemment à un rapport de dépendance auprès des patrons de petites plantations de tabac, prennent position face au départ de ces derniers, lesquels incarnaient une autorité à la fois économique, politique, religieuse et morale. Au Nord-Ouest de l’Argentine, les patrons des petites plantations de tabac ont organisé les rapports de production, conditionné la vie matérielle des familles, financé et décidé des améliorations et de l’aménagement du village et organisé les activités collectives. Cependant, ce modèle productif décline à partir des années 1980 et s’articule au phénomène d’urbanisation récent. Face à la disparition des plantations, certains habitants mettent à profit leur bonne réputation et l’accès à des ressources diverses, afin de se positionner socialement en tant que référents locaux, pour proposer de nouvelles formes de faire le monde et faire communauté sans patron. Un des enjeux de cette transformation est celui de la réorganisation des célébrations religieuses catholiques, autrefois réalisées sous le parrainage des patrons. Exercer cette fonction sert à certains habitants à occuper aussi une place centrale dans l’organisation de la vie collective. Les événements religieux permettent aux acteurs de maintenir vivant ce qu’ils nomment « la tradition » tout en prenant position et en agissant dans un présent incertain. Ainsi, ces célébrations ne proposent pas uniquement un regard nostalgique vers le passé, mais surtout un regard porté vers l’avenir, lequel se construit dans l’action collective au présent. Leur enjeu majeur est alors de proposer et de mettre en place des projets d’avenir, en représentant « la communauté » locale et en défendant des intérêts collectifs vis-à-vis de nouveaux interlocuteurs politiques.

This thesis looks at the reconfiguration of social relations and ways of organising collective life in a village after the disappearance of the patronage system held by tobacco farmers. Based on an eighteen-month ethnography carried out between 2014 and 2022, this research examines the ways in which the inhabitants of a village, who until recently had been attached to a relationship of dependence with the patrons of small tobacco plantations, are positioning themselves in the face of the departure of the latter, who embodied an authority that was at once economic, political, religiousand moral. In north-western Argentina, the owners of small tobacco plantations organised production relationships, shaped the material lives of families, financed and decided on improvements and development of the village, and organised collective activities. However, this production model has been in decline since the 1980s and is linked to recent phenomena of urbanisation. As the plantations disappeared, some villagers are using their good reputation and access to a range of resources in orderto position themselves socially, build local authority and develop new ways of making the world and forming a community without a patron.One of the implications of this transformation is the reorganisation of Catholic religious celebrations, which used to be held under the patronage of the patrons. Performing this function also enable certain residents to have a central role in the organisation of community life. Religious events enable people to keep what they call “tradition” alive, while positioning themselves and taking action in an uncertain present. In this way, these celebrations do not simply offer a nostalgic look to the past, but above all a look to the future, which is constructed through collective action in the present. Their major challenge is to propose and implement projects for the future, representing the local “community” and defending collective interests in relation to new political interlocutors.

Esta tesis se interesa a la reconfiguración de las relaciones sociales y a las formas de organización de la vida colectiva, a raíz de la desaparición del sistema de patronazgo de las fincas de tabaco. A partir de una etnografía de dieciocho meses, realizada entre 2014 y 2022, esta tesis estudia las formas en que los habitantes de un pueblo se posicionan frente a la partida de los patrones de las plantaciones de tabaco, los cuales encarnaba una autoridad a la vez económica, política, religiosa ymoral. En un pueblo periurbano de la ciudad de Salta, en el noroeste argentino, los propietarios de pequeñas plantaciones de tabaco definieron las relaciones de producción, condicionaron la vida material de las familias, financiaron y dispusieron sobre el desarrollo y las mejoras del pueblo, y organizaron las actividades festivas de la vida colectiva. Sin embargo, este modelo productivo decae a partir de la década de 1980, en articulación con un fenómeno de urbanización reciente. Ante la desaparición de las plantaciones, algunos habitantes aprovechan su buena reputación y la disposición de recursos, para posicionarse en socialmente, construirse una imagen de referente local e imaginar nuevas formas de hacer el mundo y sostener la comunidad, sin patrón.Uno de los retos de esta transformación es el de la reorganización de las celebraciones religiosas católicas, antes realizadas bajo la tutela de los patrones. El ejercicio de esta función permite también a determinados habitantes ocupar un lugar central en la organización de la vida colectiva. Las celebraciones religiosas permiten a los actores mantener viva lo que ellos llaman ''la tradición'', al mismo tiempo que toman posición y actúan en un presente incierto. Así, estas celebraciones no soloproponen una mirada nostálgica del pasado, sino sobre todo una mirada al futuro, la cual se construye a través de la acción colectiva en el presente. Su gran desafío es entonces proponer e implementar proyectos futuros, representando a la “comunidad” local y defendiendo los intereses colectivos frente a los nuevos interlocutores políticos.