''¡Ahora si, guerra civil!. Quelques aspects quotidiens de la formation de l´Etat et d´une classe-ethnie subalternes sur le Haut Plateau à La Paz et genèse de la ''guerre du gaz'' : entre le national-étatique et le national-populaire (1931-2003)
Auteur / Autrice : | Lorgio Orellana Aillon |
Direction : | Edgardo Alberto Manero |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance le 08/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Françoise Martinez |
Examinateurs / Examinatrices : Françoise Martinez, Rodrigo Díaz Maldonado, Federico Tarragoni, Franck Poupeau, María Reali, Sinclair Thomson | |
Rapporteur / Rapporteuse : Rodrigo Díaz Maldonado, Federico Tarragoni |
Mots clés
Résumé
L’objectif central de cette thèse est d’expliquer l’émergence d’une insurrection populaire dirigée par des classes-ethnies subalternes à La Paz (la dite « guerre du gaz » de septembre-octobre 2003), à partir de l’analyse de l’incidence des événements d´une conjoncture d’intense fluidité politique, dans des contradictions socioculturelles de longue durée en vigueur depuis les années 30 (1931) dans le Haut Plateau Nord à La Paz ; des processus quotidiens de formation de l’État et des classes-ethnies subalternes, tels que la configuration des Lumières des travailleurs colons face au servage et á l’économie politique du corps des « haciendas » seigneuriales entre les années 1930 et les années 1940; la résistance/conversion des enfants et des jeunes paysans aymaras, face aux politiques de nationalisation et d’acculturation métisse promues par les gouvernants du MNR et par les dictateurs militaires, á travers les écoles militaires et les casernes dans les années 60, 70 et 80; jusqu’á la formation d’une classe travailleuse aymara face aux politiques de privatisation promues par les gouvernements oligarchiques dans les années 80 et 90.L´approche de la thèse se situe dans l’intersection entre l’histoire orale, la socio-histoire sociale et l’histoire du temps présent. L´auteur situe les protagonistes de la guerre du gaz « vivant leur propre histoire » tout au long de sept décennies, au centre de son récit sur le processus socio-historique. Dans cette perspective, il recherche des régularités dans la vie quotidienne des acteurs pour rendre compte ultérieurement de certains processus socio-historiques de formation de classes-ethnies et de leur lien avec les événements de la conjoncture insurrectionnelle d’octobre 2003. Les informations concernant les histoires personnelles des acteurs ont été recueillies á travers la technique de l’entretien semi-directif et approfondi. Après avoir examiné les pratiques, expériences et conditions d’existence des acteurs á l´échelle locale, celle du Haut Plateau à La Paz, dans des espaces tels que les haciendas seigneuriales dans les années 30 et 40, les communautés paysannes dans les années 50 et 60, les écoles et les casernes dans les années 70 et 80, les quartiers populaires à El Alto dans les années 1980 et 1990, l´auteur a étudié les relations entre ces expériences et processus locaux et des processus plus étendus tels que la formation de l´État et celle de la société civile et communautaire dans ladite région. Pour cela il a eu recours á l´analyse de contenu des documents officiels et non officiels, d’archives audiovisuelles, de romans, d’essais et de statistiques.Cette recherche soutient que les conflits inter ethniques et la question nationale examinés dans le Haut Plateau à La Paz sont devenus des formes métamorphosées de lutte des classes. Les contradictions de classe-ethnie ont constitué le champ de forces où se sont configurés les répertoires et les organisations des mobilisations sociales des classes-ethnies subalternes, où elles se sont battues pour leur autonomie politique face aux gouvernements oligarchiques et se sont mobilisées en vue du « contrôle des moyens de production » (la « nationalisation ») et en vue du pouvoir de l´État en se réappropriant le sens du national (le « national populaire ») contre « les fils des patrons », « l´impérialisme » (les transnationales) et les institutions de l´État, dans le cadre d’un processus de radicalisation politique favorisé par des événements tels que la campagne gouvernementale pour vendre le gaz aux États-Unis, les massacres du 20 septembre et du 12 octobre, qui ont conduit á une situation insurrectionnelle. Les contradictions de longue durée et la dynamique des événements ont débouché sur le renversement de la coalition au pouvoir, en mettant ainsi fin á une époque caractérisée par la suprématie néo-oligarchique et blanche-métisse de la République et son alignement sous la direction de Washington.