Thèse soutenue

Exprimer l’indicible : l’expression rex et sacerdos à travers le roi-prêtre Melchisedech et le prêtre Jean dans le royaume de France et le Saint-Empire, 1198-1517

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Auteur / Autrice : Marie-Astrid Hugel
Direction : Pierre MonnetBernd Schneidmüller
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance le 21/01/2023
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Universitätsbibliothek (Heidelberg, Allemagne)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Geneviève Bührer-Thierry
Examinateurs / Examinatrices : Geneviève Bührer-Thierry, Martin Kintzinger, Annick Peters-Custot, Étienne Anheim
Rapporteurs / Rapporteuses : Martin Kintzinger, Annick Peters-Custot

Résumé

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Cette thèse étudie la question du rex et sacerdos à travers les deux seuls rois-prêtres vus positivement par la société médiévale, le roi-prêtre Melchisedech et le prêtre Jean, dans les espaces du royaume de France et du Saint-Empire, du début du pontificat d’Innocent III en 1199 jusqu’à la veille de la Réforme en 1517. L’angle d’attaque est celui des figures même, pour ensuite étudier leur présente ou absence dans les sources. Trois questions se posent : la question de la représentation et de la justification du double pouvoir de ces figures dans les sources, alors que l’union des pouvoirs ne devrait pas pouvoir exister en dehors du Christ. La deuxième question est celle des modalités d’acceptation ou de rejet de ces figures par la société politique médiévale, qui permet ou non leur utilisation dans les débats. La dernière question est celle de leur place dans l’imaginatio médiévale, comme élément d’utopies ou comme véritables modèles de pouvoir selon les circonstances. Dans la première partie, nous retraçons l’histoire de l’expression rex et sacerdos depuis ses origines romaine et biblique jusqu’à la fin du XIIe siècle, dans une triple analyse des traditions biblique, textuelle/iconographique et enfin politique. La deuxième partie est consacrée à l’étude des grandes dynamiques des sources, avec une étude particulière des textes et des images sur un spectre large de sources. La troisième partie est consacrée aux études de cas politiques sous les papes, empereurs et rois de France de la période, et aux études de cas sur les points de différences entre laïc et clerc que sont la guerre, le mariage et le rapport à l’autel. Enfin, la quatrième partie est consacrée se penche sur la vision des rois-prêtres par la société médiévale hors de l’Occident médiéval, qu’ils soient ailleurs spatialement, comme le prêtre Jean en Orient, ou bien ailleurs chronologiquement, comme les rois Hasmonéens, pour montrer qu’il est impossible qu’un roi-prêtre soit durablement présent et même désiré dans l’Occident latin médiéval avant la fin des Temps. Les sources utilisées sont avant tout des sources manuscrites enluminées, comme les ouvrages typologiques (Speculum Humanae Salvationis, Biblia Pauperum), les ouvrages de dévotion, les bibles enluminées, les récits de voyages et les chroniques universelles. A ces sources s’ajoutent des sources politiques éditées latines, notamment la Reformatio Sigismundi anonyme, le Defensor Pacis de Marsile de Padoue, ainsi que les oeuvres de Gilles de Rome.