Thèse soutenue

Le trésor du Soleil : rôle et fonctionnement socioéconomique du temple de Šamaš (Ebabbar) à Sippar à l'époque paléo-babylonienne

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Auteur / Autrice : Thibaud Nicolas
Direction : Grégory ChambonDominique Charpin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance le 04/01/2023
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Brigitte Lion
Examinateurs / Examinatrices : Brigitte Lion, Sophie Démare-Lafont, Nele Ziegler, Marten Stol
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Démare-Lafont, Nele Ziegler

Résumé

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Dans cette thèse, nous étudions l’Ebabbar un temple babylonien situé à Sippar, en Mésopotamie centrale. On y honorait le dieu du soleil et de la justice, Šamaš ainsi que, de façon secondaires, d’autres divinités. Nous étudions la place de l’Ebabbar de Sippar-yahrurum dans les réseaux sociaux et le système socioéconomique de Sippar à l’époque paléo-babylonienne ou amorrite (2004-1595 av. J.-C.). La première partie est un point sur l’histoire des fouilles de Sippar et développe les perspectives historiographiques et méthodologiques de notre étude. Cette thèse a la spécificité de brosser le portrait d’un grand organisme non pas à partir des archives internes à celui-ci, qui n’ont pas été découvertes, mais à partir d’un corpus d’environ 400 textes cunéiformes (dont quelques inédits) le concernant appartenant à d’autres archives ou dossiers, généralement ceux de particuliers. Nous mobilisons dans la deuxième partie les ressources de la sociologie des réseaux et de la prosopographie pour analyse le personnel du temple, réparti en trois catégories. Nous distinguons le personnel permanent du temple, les véritables administrateurs et gestionnaires du temple, du personnel occasionnel (en particulier les individus dépositaires de prébendes templières) et des experts embauchés ponctuellement par le temple (notamment les scribes et les orfèvres). Il en ressort que les réseaux de sociabilité spécifiques aux notables de Sippar s’articulent tout particulièrement autour de l’Ebabbar. Dans la troisième partie de la thèse, nous examinons le système productif de l’Ebabbar, ce qui permet d’affiner les connaissances assyriologiques sur la production, le stockage et la distribution des denrées agricoles par les grands sanctuaires mésopotamiens. Une attention toute particulière est prêtée à la question des entrepôts du temple et à ceux du kārum, le quartier marchand de Sippar, ainsi qu’au rôle joué par les religieuses-nadītum, de riches femmes consacrées au dieu Šamaš et bénéficiant d’une résidence dans le cloître-gagûm. La dernière partie mobilise les ressources de l’anthropologie économique pour comprendre les processus d’échanges marchands et non-marchands qu’abritait l’Ebabbar ainsi que le rôle de garant comptable et économique joué par le dieu-soleil, et notamment les actes dits de « charité » ayant lieu au sein du temple. Cette dernière partie s’interroge aussi sur la façon dont l’Ebabbar assurait son importance économique par le contrôle de systèmes métrologiques et l’entretien d’un vaste réseau de dettes de plusieurs types.