Les défis d'un territoire multiethnique. Conservation, développement et politique dans les montagnes du nord du Kerala, Inde
Auteur / Autrice : | Jose Javier Egas |
Direction : | Loraine Kennedy, Blandine Ripert |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Socio-économie du développement |
Date : | Soutenance le 07/02/2023 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud (Paris ; 1957-2022) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Paul Gaudillière |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Paul Gaudillière, Ajit Menon, Raphaël Rousseleau, Sarah Benabou, Capucine Boidin-Caravias | |
Rapporteur / Rapporteuse : Ajit Menon, Raphaël Rousseleau |
Mots clés
Résumé
Cette thèse explore les relations entre les groupes sociaux différentiellement définis en fonction de leur ethnicité et l'État à Wayanad, un district montagneux des Ghâts occidentaux, dans le nord du Kerala, en Inde. En se concentrant sur les communautés Adivasi, le terme utilisé pour les peuples indigènes en Inde, l'analyse se penche sur les dynamiques de peuplement et les clivages sociaux à l'époque précoloniale, coloniale et postcoloniale. Dans un premier temps, la thèse propose une rétrospective historiographique montrant les modèles d'administration politique qui ont régi ce territoire durant les phases précoloniale et coloniale. Dans un deuxième temps, la thèse analyse les conditions des communautés Adivasi vis-à-vis des autres populations et les formes de gouvernance depuis l'émergence de l'État postcolonial. Les systèmes fonciers du Kerala ont bénéficié des processus de redistribution par le biais de réformes étatiques, qui ont démocratisé l'accès des paysans sans terre. Cependant, les communautés Adivasi ont été exclues de ces processus de redistribution et ont été exposées à des processus d'aliénation des terres de la part de différents acteurs. L'État n'a pas été en mesure de fournir des alternatives pour garantir l'accès à cette ressource. De plus, l'accès aux zones forestières a été restreint en raison de l'application d'une gouvernance environnementale rigide qui rejette toute activité anthropique dans ces zones. Considérant que les Adivasis dépendent des forêts pour leur survie, leur participation à la gestion des forêts, à l'utilisation des ressources et au partage des bénéfices a été marginale. Bien que l'État ait mis en place un programme de développement tribal pour assurer le bien-être des communautés Adivasis et améliorer leurs conditions de vie, les programmes inclus dans ce programme ont généralement répondu aux demandes institutionnelles de l'État plutôt qu'aux besoins des communautés elles-mêmes. Divers processus d'intermédiation entre les communautés et l'État ont été mis en place pour exécuter l'agenda de développement tribal, dans ces processus, les Adivasis eux-mêmes ont été des acteurs de cette intermédiation, ayant des niveaux limités de discrétion pour décider des orientations de l'agenda. Face à la situation de marginalisation à laquelle les communautés Adivasi sont exposées, elles ont exercé des réponses politiques différentes, parmi lesquelles se distinguent la politique de contestation et la politique parlementaire. Différents résultats ont émergé de ces incursions. À travers une analyse critique de tous ces éléments, la thèse cherche à éclairer la position des communautés Adivasi dans l'Inde contemporaine.