Thèse soutenue

Les conditions de la migration des personnes aux prises avec les conflits irakiens (2013-2022) : une anthropologie du quotidien sans perspectives

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Auteur / Autrice : Juliette Duclos-Valois
Direction : Hamit Bozarslan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance le 17/01/2023
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Michel Naepels
Examinateurs / Examinatrices : Michel Naepels, Marc Breviglieri, Cédric Parizot, Leyla Dakhli, Chowra Makaremi
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Breviglieri, Cédric Parizot

Résumé

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Depuis les années 1980, et la longue guerre avec son voisin iranien, une série de conflits armés a marqué l’histoire de l’Irak contemporain. L’instauration de l’État islamique entre 2014 et 2017 et la guerre multiforme contre l’Organisation qui l’a porté ont provoqué à leur tour d’importants déplacements de population à l’intérieur des frontières de l’Irak, comme un ensemble de migrations. La thèse s’intéresse aux conditions de vie des personnes aux prises avec les conflits irakiens durant cette période. La recherche s’appuie sur des enquêtes de terrains menées entre 2016 et 2021 dans les localités de Sinjar, de Mossoul et du gouvernorat de Dahûk. Il s’agit de saisir les déterminants des trajectoires individuelles et géographiques des individus pris dans l'étau des conflits, et notamment ceux de la migration. S’émancipant des interprétations (macro)-contextuelles des mouvements de population qui accompagnent les situations de guerre, la thèse privilégie une approche par cas et l’analyse des configurations disparates dans lesquelles la vie et le cheminement de chacun sont inscrits. À partir d’un examen centré sur les (micro)-situations qui caractérisent un quotidien le plus souvent « sans perspectives », la recherche remet en cause le déterminisme typique des paradigmes de la « décision » au profit d’une compréhension renouvelée des mobilités, liée à la façon dont les individus peuvent faire face aux différents problèmes auxquels les expose l’incertitude engendrée par la guerre. Sur cette base, l’enquête insiste sur les nécessités qui s’attachent à la construction de l’expérience individuelle à partir des transactions de chacun avec son environnement ; elle met en évidence, avec le poids des attachements, la difficulté des détachements, dans la détermination des logiques de dé/re-territorialisation. La migration y apparait comme une « issue » parmi d’autres, susceptibles de rétablir ou non la continuité de l’expérience dans les situations troublées.