Thèse soutenue

Au-delà du revenu : contributions méthodologiques et empiriques à la mesure des inégalités économiques

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Auteur / Autrice : Julien Blasco
Direction : Clément Carbonnier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques - EM2PSI
Date : Soutenance le 01/12/2023
Etablissement(s) : CY Cergy Paris Université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Économie, Management, Mathématiques, Physique et Sciences Informatiques (Cergy-Pontoise, Val d'Oise)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : THEMA Théorie économique, modélisation et applications (Cergy ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Nicolas Duvoux
Examinateurs / Examinatrices : Clément Carbonnier, Nicolas Duvoux, Dominique Meurs, Bertrand Garbinti, Francesco Figari
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Meurs, Bertrand Garbinti

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La mesure des revenus a connu d'importants progrès au cours des dernières décennies, grâce à des améliorations méthodologiques et au foisonnement de résultats empiriques sur le sujet. Cependant, l'accent mis sur le revenu en tant qu'outil d'analyse des inégalités sociales s'accompagne de certains renoncements et défis. En effet, la mesure du revenu est souvent incomplète et omet l'existence d'autres ressources économiques. En outre, il existe toujours un décalage non résolu entre le revenu et d'autres mesures de la situation économique, telles que les privations matérielles. Enfin, l'utilisation d'une mesure aussi complexe et abstraite peut faire perdre de vue les groupes sociaux sous-jacents qui stratifient la population. Ce travail contribue à la littérature sur la mesure des inégalités économiques entre les ménages, en proposant des outils pour étendre, analyser et apporter des compléments aux définitions traditionnelles du revenu. Plusieurs résultats en comparaison internationale et à long terme sont établis. Le premier chapitre examine une extension de la définition du revenu disponible, qui inclut les taxes à la consommation payées par les ménages. Il mobilise les enquêtes sur le budget et le revenu des ménages, ainsi qu'une méthode innovante d'imputation des dépenses de consommation des ménages pour fournir des estimations cohérentes de l'effet inégalitaire des taxes à la consommation pour un large panel de pays et d'années. Les résultats confirment que dans tous les pays, les taxes à la consommation pèsent de manière disproportionnée sur les ménages à faible revenu. Par conséquent, les inégalités de revenus sont plus élevées lorsqu'elles sont calculées après taxes à la consommation. Les différences entre les pays sont notamment dues à des différences dans les taux d'imposition moyens, ce qui affecte le panorama international des inégalités de revenus et de la redistribution.Le deuxième chapitre analyse l'évolution des inégalités de revenus en France, à l'aide d'une méthode de décomposition détaillée. L'analyse porte sur les années 1970 à 2019, période pendant laquelle l'économie et la population françaises ont connu des changements majeurs, certains reflétant ce qui s'est passé dans la plupart des pays développés, et d'autres étant spécifiques à la France. Les contributions respectives des changements dans la structure des ménages, des professions, des salaires, des impôts et des prestations sociales sont mesurées. Les distributions des revenus du travail et des pensions sont parmi les principaux déterminants de l'évolution des inégalités, et dominent les effets de l'évolution de la structure socio-démographique. Les variations dans la composition des ménages, bien qu'étant moins déterminantes à court terme, ont contribué à une hausse des inégalités de manière continue sur la période.Le troisième chapitre étudie la faisabilité de la construction d'un indicateur de grande pauvreté dans les pays développés, pour identifier les plus vulnérables parmi les personnes identifiées comme pauvres par les indicateurs usuels. Ce travail montre qu'il n'est pas possible de cibler la grande pauvreté de manière pertinente en utilisant uniquement le revenu : en dessous d'un certain seuil de revenu, il n'y a plus de corrélation avec d'autres indicateurs de difficultés économiques. En revanche, l'ajout des privations matérielles permet de prendre en compte les composantes non liées au revenu de la situation économique d'un ménage, telles que le patrimoine, la santé ou le statut professionnel, et aide à identifier les individus souffrant d'une situation de pauvreté plus sévère et plus durable.