Thèse soutenue

Évolution de la déformation off-fault des failles décrochantes, asismiques et sismiques, par la modélisation analogique.

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Auteur / Autrice : Sarah Visage
Direction : Bertrand MaillotPauline Souloumiac
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la terre et de l'univers - Cergy
Date : Soutenance le 31/03/2023
Etablissement(s) : CY Cergy Paris Université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et ingénierie (Cergy-Pontoise, Val d'Oise)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Géosciences et Environnement (Cergy-Pontoise ; 2010-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Bertrand Maillot, Pauline Souloumiac, Stéphane Dominguez, Cécile Lasserre, Léa Pousse, Yann Klinger
Rapporteur / Rapporteuse : Stéphane Dominguez, Cécile Lasserre

Résumé

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Lors d'un grand séisme décrochant, le déplacement engendré à la surface est distribué entre une déformation sur et en dehors de la faille (déformation on- et off-fault). Pour quantifier cette distribution, le déplacement de la surface est mesuré par corrélation d'images satellites acquises avant et après l'évènement. Cependant, les mesures de terrain sont limitées à quelques évènements récents qui ont pu être enregistrés par des satellites. La modélisation analogique permet d'étudier la déformation à long terme des failles décrochantes. Mais, les modèles analogiques actuels ne répondent pas entièrement au problème, à savoir : comment la déformation off-fault évolue au cours du développement de la faille ? qu'est-ce qui contrôle la répartition de cette déformation et quel est l'impact des séismes sur cette répartition ?Pour répondre à ces questions, nous avons réalisé une étude de l'évolution de la déformation off-fault (OFD) au cours de l'histoire de la faille décrochante en laboratoire. Un premier groupe de modèles analogiques composés d'une couche de sable unique a été réalisé et nous a permis de documenter l'évolution de l'OFD pour des failles décrochantes asismiques. Ces modèles nous ont montré que la quantité d'OFD varie de 100% au stade de l'initiation de la faille décrochante jusqu'à 20-30%, puis reste stable jusqu'à la fin de l'expérience. Nous expliquons cette stabilité par l'évolution de la géométrie de la faille décrochante. En effet, nous confirmons que la quantité d'OFD est plus importante dans les zones de la faille structurellement complexes, notamment les zones de relais. Nos expériences montrent que l'emplacement de ces zones de relais est conditionné par l'emplacement des Riedels à l'initiation de la faille décrochante. Et, au cours de l'évolution de la faille, les zones relais sont consécutivement actives, abandonnées, translatées passivement, et finalement réactivées. Nos modèles montrent qu'au-delà̀ d'une certaine longueur, les brins de faille se séparent en deux sur d'anciennes complexités (Riedels ou zones relais abandonnées) pour retrouver une longueur inférieure. Nos résultats suggèrent donc que les failles décrochantes n'atteindront jamais une géométrie continue et linéaire même si elles sont linéaires en profondeur. Cela explique pourquoi la proportion d'OFD reste stable après la stabilisation de sa structure. Une comparaison avec des exemples de terrains nous montre que les proportions d'OFD obtenues avec nos modèles sont équivalentes.Nous avons ensuite réalisé un deuxième groupe de modèles expérimentaux de failles décrochantes multicouches qui reproduisent les déformations associées aux failles décrochantes sismiques. Deux configurations ont été analysées. La première est composée d'une couche basale de poudre de caoutchouc permettant d'obtenir un chargement élastique et d'une couche de riz cassé deux fois ayant un comportement saccadé. Cette configuration permet d'obtenir l'évolution d'une faille auto-formée (sans pré-découpage), avec une alternance de périodes inter-sismiques où la faille est partiellement bloquée et d'évènements sismiques. Dans une deuxième configuration, nous avons ajouté une couche supérieure de sable, pour analyser la géométrie de la faille et sa déformation off-fault co-sismique. Les résultats de ce modèle nous montrent que la quantité d'OFD varie de 90 à 60% au début de l'histoire de la faille décrochante à une valeur minimum entre 15-30% lorsque la faille atteint une structure composée d'alternance de segments et de zones de relais, puis augmente progressivement jusqu'à une valeur qui semble se stabiliser entre 20 et 40%. Au total, nos modèles permettent de reproduire plusieurs centaines de cycles sismiques. Nos données sont similaires aux résultats de déformation off-fault des expériences de failles décrochantes asismiques ainsi qu'aux données de terrain pour différents séismes à différents déplacements cumulés.