Thèse soutenue

Développement d'un modèle in vitro pour évaluer l'efficacité de prévention et de traitement des manifestations cutanées provoquées par l'application des mesures d'hygiène dans le contexte de la COVID-19

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Auteur / Autrice : Manon Barthe
Direction : Véronique Braud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Interactions moléculaires et cellulaires
Date : Soutenance le 12/10/2023
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Nice ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (Sophia Antipolis, Alpes-Maritimes)
établissement de préparation : Université Côte d’Azur (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Laure-Alix Clerbaux
Examinateurs / Examinatrices : Laure-Alix Clerbaux, Nicolas Lebonvallet, Franck Chiappini, Hanan Osman-Ponchet, Paul Hofman
Rapporteur / Rapporteuse : Laure-Alix Clerbaux, Nicolas Lebonvallet

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Mots clés libres

Résumé

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La barrière cutanée joue un rôle crucial dans la protection de notre corps contre une multitude d'agents externes. La perturbation de cette fonction barrière a des conséquences graves, augmentant la sensibilité aux infections et maladies dermatologiques. La pandémie de COVID-19, causée par l'infection par le SARS-CoV-2, a entraîné près de 7 millions de décès. Pour pénétrer dans les cellules hôtes, le virus utilise deux voies distinctes : la fusion membranaire et l'endocytose. La première implique l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2), et la protéase transmembranaire à sérine 2 (TMPRSS2), alors que la seconde fait intervenir la liaison à ACE2 ou à des récepteurs alternatifs et les cathepsines.Les mesures recommandées pour prévenir la propagation du SARS-CoV-2, telles que le port de masques, le lavage fréquent des mains et l'utilisation régulière de désinfectants, peuvent altérer la barrière cutanée et potentiellement augmenter le risque de transmission virale. Mais, pour qu'une cellule soit infectée, elle doit être pourvue des récepteurs et cofacteurs du SARS-CoV-2.L'objectif de cette thèse était de vérifier si la peau, notamment en cas de barrière altérée ou de conditions inflammatoires, pouvait constituer une voie d'entrée alternative pour le SARS-CoV-2.Dans un premier temps, nous avons développé un modèle in vitro de peau humaine avec une barrière endommagée en utilisant deux traitements physiques, la dermabrasion avec du papier abrasif (PAD) et le ''tape stripping'' avec du ruban adhésif, et un traitement chimique avec le Sodium Dodécyle Sulfate (SDS). Nous avons adopté une approche holistique intégrant des analyses biophysiques (intégrité membranaire), fonctionnelles (absorption cutanée), histologiques (mesure de l'épaisseur du stratum corneum) et transcriptomiques (marqueurs de la fonction barrière et marqueurs de l'inflammation) pour valider le modèle. Ce modèle in vitro présente bien une barrière cutanée altérée, comme le montre une réduction significative de l'épaisseur de stratum corneum, une augmentation importante de l'absorption cutanée et une altération de l'expression des marqueurs de l'inflammation et de la fonction barrière. Ce modèle permet d'évaluer l'efficacité des produits destinés à réparer les dommages cutanés dans le contexte de la pandémie de COVID-19, et de tester les interactions entre le virus et la peau.Par la suite, nous avons évalué l'expression des récepteurs et cofacteurs du SARS-CoV-2 dans la peau, et leur modulation dans un contexte inflammatoire. Les résultats ont révélé une très faible expression de ACE2 et TMPRSS2, des récepteurs impliqués dans la voie de fusion membranaire. Cependant, en présence d'une inflammation (Poly I:C et interférons), l'expression de ces récepteurs augmente considérablement. D'autre part, nous avons observé une forte expression de CD147, un autre récepteur de SARS-CoV-2 impliqué dans la voie d'endocytose. Ces observations suggèrent que le virus peut utiliser les deux voies d'entrée pour pénétrer dans les cellules de la peau, avec des variations en fonction du contexte inflammatoire. L'utilisation de la protéine spike recombinante a confirmé que la spike peut entrer dans les kératinocytes in vitro. Cependant, nous n'avons pas pu mettre en évidence la réplication du virus SARS-CoV-2 après l'infection des kératinocytes.En conclusion, bien que ce projet ait montré que la peau peut constituer une voie d'entrée alternative pour le SARS-CoV-2, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer l'existence de cette voie de transmission. Par ailleurs, le nouveau modèle de peau humaine in vitro et les résultats obtenus ouvrent de nouvelles perspectives pour mieux comprendre les interactions entre le virus et la peau, ainsi que pour évaluer l'efficacité des produits visant à réparer les dommages cutanés. Ce modèle in vitro peut être appliqué à d'autres infections virales et ne se limite pas uniquement au SARS-CoV-2.