Inhibition de l'activité de Patched impliquée dans la résistance aux chimiothérapies : approches biocomputationnelle, chimique et cellulaire
Auteur / Autrice : | Sandra Kovachka |
Direction : | Stéphane Azoulay, Isabelle Mus-Veteau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Chimie |
Date : | Soutenance le 10/07/2023 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences fondamentales et appliquées (Nice ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de chimie (Nice) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Michel Bolla |
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Azoulay, Isabelle Mus-Veteau, Jean-Michel Bolla, Maria Laura Bolognesi, Rui Ferreira Alves Moreira | |
Rapporteur / Rapporteuse : Maria Laura Bolognesi, Rui Ferreira Alves Moreira |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Malgré des efforts continus dans le développement de nouveaux médicaments, la résistance aux chimiothérapies reste un défi majeur dans le traitement du cancer. L'un des principaux mécanismes responsables de la résistance aux médicaments est l'efflux des agents thérapeutiques hors des cellules cancéreuses par les transporteurs multidrogues.Le récepteur Hedgehog Patched1 (PTCH1), qui fait partie de la voie de signalisation Hedgehog, est surexprimé dans de nombreux cancers. Outre son rôle physiologique de transporteur de cholestérol, PTCH1 est aussi capable de transporter des agents anticancéreux hors des cellules cancéreuses, contribuant ainsi à la résistance aux médicaments avec les transporteurs ABC (ATP binding cassette). Contrairement à ces derniers, qui sont exprimés de manière endogène dans les cellules normales et jouent un rôle crucial dans la survie cellulaire, l'activité d'efflux de PTCH1 n'a lieu que dans les cellules cancéreuses. Cela fait de PTCH1 une nouvelle cible prometteuse pour le traitement du cancer. Trois inhibiteurs de son activité d'efflux ont été identifiés à ce jour : l'astémizole, la méthiothépine et un composé naturel, la panicéine A hydroquinone (PAH). Ces composés augmentent l'efficacité des chimiothérapies contre les cellules de mélanome in vitro et in vivo, prouvant que l'inhibition de PTCH1 est une stratégie anticancéreuse pertinente. Cependant, ils présentent des limites intrinsèques et doivent être optimisés. Par exemple, la PAH a une très faible stabilité métabolique, ce qui empêche d'envisager son développement en tant que médicament.Dans ce contexte, le projet a pour objectif de développer un inhibiteur de l'efflux de PTCH1, en tant que médicament “first-in-class” pour lutter contre la résistance à la chimiothérapie et améliorer la survie des patients grâce à une optimisation rationnelle de la PAH.Nous avons donc étudié l'interaction entre la PAH et PTCH1 au moyen de méthodologies in silico et effectué une comparaison structure-ligand entre les trois inhibiteurs connus. En utilisant un protocole de docking couplé à des simulations de dynamiques moléculaires, nous avons extrait des informations importantes sur la conformation active d'un inhibiteur de PTCH1 et identifié un site de liaison supposé dans le canal hydrophobe de PTCH1.Nous avons mis au point une nouvelle synthèse totale de l'E-PAH qui répond à certaines limitations importantes de la précédente, telles que sa non-stéréosélectivité et sa grande spécificité de substrat. Après optimisation, nous avons finalement obtenu un nouveau protocole de synthèse stéréosélective et robuste pour les E et Z PAH. Ceci a permis de synthétiser plusieurs analogues de PAH dont l'activité a été évaluée sur des cellules de mélanome, en combinaison avec le vemurafenib, dans le but de réaliser une étude structure-activité pour le motif hydroquinone. Nous avons également évalué certaines propriétés pharmacocinétiques de ce motif, telles que la stabilité plasmatique et le profil de sécurité.La partie hydroquinone de la PAH est importante pour son activité biologique, mais c'est aussi l'un de ses principaux inconvénients en raison de son oxydation facile en quinone. En combinant les connaissances acquises grâce aux études in silico et SAR dans la dernière partie de ce projet, nous avons cherché à synthétiser des nouvelles molécules en appliquant un remplacement ''bioisostérique'', une approche souvent utilisée avec succès en chimie médicinale. Tout d'abord, le remplacement de la double liaison de la PAH par des groupes chimiques biologiquement équivalents a permis une stratégie de synthèse robuste, convergente et efficace, qui s'inscrit dans les tendances modernes des approches de chimie durable. Ensuite, il a été possible de synthétiser facilement un grand nombre de composés, en remplaçant le motif hydroxyquinone, et de cribler l'activité biologique in cellulo d'un espace chimique diversifié avec des résultats biologiques très prometteurs.