Thèse soutenue

Remédiation du déficit de reconnaissance des émotions faciales chez les personnes atteintes de Maladie d'Alzheimer : quels bénéfices pour le patient et son aidant à court et à long terme ?

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Auteur / Autrice : Naz Mirzai
Direction : Édith Galy-MarieKévin Polet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 20/10/2023
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'anthropologie et de psychologie cliniques, cognitives et sociales (Nice ; 2016-)
Jury : Président / Présidente : Hélène Brissart
Examinateurs / Examinatrices : Fabrice Guillaume, Sylvane Faure, Sandrine Louchart de La Chapelle
Rapporteurs / Rapporteuses : Hélène Brissart, Brice Laurens

Résumé

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La reconnaissance des émotions faciales (REF) est altérée dans les maladies neurodégénératives (MND). Ce déficit est lié à une perturbation des stratégies d'observation des visages émotionnels conjointement à une augmentation des symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SCPD), source majeure du fardeau des aidants. L'étude préliminaire de Polet et al., 2021, menée auprès de personnes atteintes de maladie d'Alzheimer (MA) a montré qu'un programme de remédiation cognitive de la REF permettait d'améliorer la REF suite à une modification des patterns d'observation des visages. En parallèle, une diminution des SCPD et du fardeau de l'aidant était observé. Ces effets se maintenant un mois après l'intervention. Ces résultats semblent encourageants afin de prendre en charge la personne atteinte de MA et son aidant. Mais, ils ont été obtenus auprès de petits échantillons et par le biais de visages expressifs statiques, peu écologiques. Bien que des résultats positifs aient été décrits un mois post remédiation, existe-t-il des bénéfices à plus long terme ? De plus, à notre connaissance, aucune étude n'a permis de désigner quelle approche était la plus efficace pour améliorer les capacités de REF dans les MND. Pour répondre à ces problématiques, cette thèse s'appuie sur trois études : (1) une revue systématique de la littérature et une méta-analyse qui avaient pour objectif de répertorier et de comparer l'efficacité des différentes interventions visant à améliorer la REF dans les MND ; (2) une étude randomisée contrôlée en simple aveugle dont l'objectif était de confirmer les résultats préliminaires, auprès d'un échantillon plus conséquent et en ajoutant un matériel plus écologique d'évaluation de la REF en utilisant des visages expressifs dynamiques ; (3) une étude évaluant l'impact à long terme (>2 ans) de cette remédiation cognitive de la REF auprès des participants issus de l'étude préliminaire. Nous avons montré que trois types d'approches amélioraient la REF dans les MND : l'approche pharmacologique, la neurostimulation et la remédiation cognitive (la plus efficace). La seconde étude a confirmé les résultats préliminaires, à savoir une amélioration de la REF statiques suite à la remédiation, et a mis en évidence une moindre amélioration de la REF dynamiques dans la MA. Cette amélioration était conjointe à une modification des stratégies d'observation des visages expressifs statiques. Pour les visages dynamiques, la remédiation a permis de maintenir une exploration visuelle optimale des visages expressifs, alors qu'elle se dégradait au sein du groupe contrôle, témoignant d'une altération progressive de la saillance émotionnelle. En parallèle, une diminution des SCPD et du fardeau de l'aidant pour le groupe ayant eu la remédiation étaient observée. Ces effets se maintenaient un mois après l'intervention. Enfin, la troisième étude a montré qu'il n'y avait pas de maintien des performances de REF à 2 ans. Consécutivement, un haut niveau de SCPD et de fardeau de l'aidant était retrouvé dans le groupe ayant bénéficié de la remédiation. Néanmoins, aucun participant de ce groupe n'était institutionnalisé au moment de ce re-test, l'hypothèse étant que ces personnes présentaient moins de SCPD, permettant ainsi un maintien à domicile. En conclusion, la REF peut être améliorée dans les MND, ces bénéfices pouvant perdurer dans le temps malgré le cours évolutif de ces maladies. Compte tenu de l'influence de ce type de prise en charge sur les SCPD, et par conséquent sur le fardeau de l'aidant, il serait utile d'étudier les possibilités d'optimisation de ces interventions sur les mécanismes d'orientation de l'attention sur les zones clés du visage. Il serait aussi intéressant de combiner les différentes approches identifiées afin d'étudier une éventuelle potentialisation de leurs effets. Une étude longitudinale croisant ces approches pourrait permettre d'observer leurs effets sur l'apparition des SCPD dans les MND.