Stratégies de subsistance et mobilité, au Paléolithique moyen, dans le Midi de la France : Approches archéozoologique et cémentochronologique
Auteur / Autrice : | Audrey Roussel |
Direction : | Martine Regert, Jean-Philip Brugal |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Préhistoire |
Date : | Soutenance le 31/03/2023 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Cultures et Environnements. Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge (Nice) |
Jury : | Président / Présidente : Jacques Jaubert |
Examinateurs / Examinatrices : Lionel Gourichon, Camille Daujeard, William Rendu, Ana Belén Marín Arroyo | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacques Jaubert, Armelle Gardeisen |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'espace méditerranéen s'inscrit dans une longue tradition de recherches sur les peuplements humains et leurs dynamiques, de la Préhistoire à nos jours. Cependant, pour les périodes très anciennes comme le Paléolithique moyen, les données restent encore largement fragmentaires, notamment en raison du faible nombre de sites archéologiques datant de cette période et le manque de résolution de certaines études pour identifier des changements ou continuités dans les modes de vie des populations. En combinant les approches fondamentales de l'archéozoologie et une méthode d'analyse novatrice, la cémentochronologie, notre recherche doctorale a pour objectif d'apporter un nouvel éclairage sur les stratégies de subsistance et la mobilité territoriale des groupes prénéandertaliens et néandertaliens du Paléolithique moyen récent (OIS 6 à 3, environ 170-40 000 BP) dans le Midi de la France. Notre recherche a précisément pour enjeu de dépasser la seule question de l'alimentation en explorant les dimensions temporelles et spatiales des stratégies de subsistance : comment celles-ci étaient-elles organisées en fonction i) des variations saisonnières des ressources dans l'environnement (saisonnalité) et ii) des variations spatiales des biotopes (mobilité territoriale) ? À travers cette double problématique, notre but est de reconstituer et mieux comprendre les modalités d'adaptation de ces groupes humains, voire d'identifier des spécificités régionales dans le sud de la France, à partir de l'étude des archéofaunes. Le croisement des méthodes d'éruption et d'usure dentaire (analyses macroscopiques et biométriques) avec la cémentochronologie (analyse microscopique) permet de déterminer les âges et saisons d'abattage des ongulés avec une haute résolution, de discuter de la validité des méthodes utilisées et d'apporter de nouvelles informations sur les relations entre disponibilité des ressources animales et conditions écologiques et climatiques. In fine, nos résultats amènent à questionner le degré d'anticipation de ces sociétés en lien avec leurs besoins, les choix réalisés par rapport aux contraintes environnementales mais aussi les aspects culturels à l'œuvre dès ces périodes anciennes. Le corpus d'étude est composé de cinq sites du Paléolithique moyen (OIS 6 à 3) du Midi de la France : l'ensemble C1 du site plein air du Rescoundudou (Aveyron), la couche 4 de l'abri des Canalettes (Aveyron), les couches E et D de la Grotte Mandrin (Drôme), l'ensemble moustérien de l'abri de Pié Lombard (Alpes Maritimes) et l'Unité Archéologique 29 de la Grotte du Lazaret (Alpes Maritimes). Les résultats obtenus nous ont permis de tester les hypothèses concernant la fonction et la saison d'occupation de ces sites majeurs et de discuter des contraintes et des avantages des installations humaines préhistoriques dans ces contextes. Comme l'ont montré nos études comparatives, ces données offrent de nouvelles perspectives pour caractériser les comportements paléolithiques de subsistance à une plus grande échelle macro-régionale. Concernant les fonctions de ces sites, les résultats ont conforté les hypothèses préalablement émises à partir des analyses du matériel lithique et de l'organisation spatiale des vestiges. Ces données ont aussi apporté des informations précises et parfois inattendues sur les objectifs cynégétiques à court terme et la gestion saisonnière des ressources par les groupes humains considérés. En conclusion, ce travail a permis de mettre en évidence des temporalités et des stratégies d'acquisition du gibier différentes entre les régions étudiées mais aussi entre les différents groupes culturels. Ainsi, ce travail fournit de nouvelles clés de compréhension sur les organisations socio-économiques et les modalités de fonctionnement des populations ayant occupé le sud de la France au Paléolithique moyen.