Thèse soutenue

La compréhension du langage non-littéral chez les apprenants de FLE : Une étude de réplication sur la compréhension de trois types d'énoncés au sens indirect

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Auteur / Autrice : Laëtitia Knight
Direction : Amanda Edmonds
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 17/03/2023
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bases, Corpus, Langage (Nice ; 2012-....)
Jury : Président / Présidente : Shona Whyte
Rapporteurs / Rapporteuses : Martin Howard, Pascale Leclercq

Résumé

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La capacité à comprendre des énoncés au sens indirect (pour lesquels “le dit” et “le signifié” sont différents) est un aspect important de la compétence pragmatique—compétence qui est souvent négligée dans l'enseignement des langues étrangères. Les recherches effectuées précédemment ont montré que les apprenants de langue seconde (L2) éprouvent régulièrement des difficultés face aux implicatures ou aux actes de parole exprimés de façon indirecte, et que des facteurs tels que le niveau de maitrise de la langue ou la présence (ou l'absence) d'expressions ou de schémas de discours conventionnels affectent la compréhension des apprenants de L2. Une étude, publiée en 2016 par Taguchi, Gomez-Laich et Arrufat-Marques, s'est focalisée sur la compréhension de trois types d'énoncés au sens indirect (le refus indirect, l'ironie et l'expression de l'opinion indirecte) qui représentent des degrés de conventionalité différents. Leurs résultats inattendus ont remis en question l'idée que les expressions et schémas conventionnels facilitent la compréhension. Afin de vérifier ces résultats, nous avons mené une réplication directe de l'étude de Taguchi et al. avec un groupe d'apprenants de français langue étrangère (FLE), permettant ainsi d'élargir le champ de nos connaissances des processus de compréhension dans une autre L2. En suivant la méthodologie de Taguchi et al., nous avons utilisé une méthode de recherche mixte : nous avons évalué la capacité et la vitesse de compréhension des apprenants de FLE grâce à un test multimédia sur ordinateur, puis nous avons mis en place des entretiens rétrospectifs avec un petit groupe de participants pour essayer d'obtenir des informations sur le processus d'inférence des apprenants lorsqu'ils sont confrontés à des énoncés au sens indirect. Nos analyses quantitatives ont montré une moindre compréhension et des temps de réponses plus lents pour la compréhension de certains types d'énoncés indirects (plus précisément l'ironie). Ces résultats sont en accord avec ceux de Taguchi et collègues. De plus, l'impact du phénomène de conventionalité n'a pas été détecté : tout comme Taguchi et al., nos participants n'ont pas eu plus de difficultés à comprendre les exemples d'opinion indirecte (classifiés comme étant non-conventionnels) que les exemples de refus indirect (considérés comme conventionnels). Nos analyses qualitatives mettent en avant un impact significatif du niveau de langue : les participants qui n'ont pas réussi à comprendre le sens indirect des énoncés ont généralement reconnu ne pas comprendre le sens littéral de ceux-ci à un niveau linguistique de base. Néanmoins, nos participants ont pu s'appuyer sur les éléments contextuels présents dans notre test audio-visuel (gestuelle, expression du visage, intonation, situation, etc.), et ont utilisé ces repères soit comme sources de stratégies déductives pour interpréter le sens indirect, soit pour compenser leurs lacunes linguistiques et faibles capacités de compréhension auditive.