Thèse soutenue

Le vécu des proches aidants de personnes en phase palliative d'un cancer : enjeux et déterminants psychosociaux de l’ajustement au (pré)deuil

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Auteur / Autrice : Marie Hasdenteufel
Direction : Bruno Quintard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 22/12/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de psychologie (Bordeaux)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Michèle Koleck
Rapporteurs / Rapporteuses : Aurélie Untas, Cécile Flahault

Résumé

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Contexte : La clinique des soins palliatifs nous a amenée au questionnement suivant : comment accompagner le proche aidant lorsqu’il est confronté à la fin de vie du patient et quels sont les enjeux de cet accompagnement au regard du deuil à venir ? Dans ce contexte particulier, trois trajectoires de fin de vie ont pu être identifiées en fonction du type de pathologies (neurodégénératives ; défaillance d’organes ; cancéreuses) (Murray et al., 2005). La trajectoire de fin de vie inhérente aux pathologies cancéreuses représente la première cause de décès en France (Inserm CépiDc, 2020) et constitue un facteur de risque pour l’expérience de deuil (Sauteraud, 2017). L’objectif de cette recherche doctorale consistait alors, d’une part, à mieux comprendre quel est le vécu du proche aidant d’un patient en phase palliative de cancer ; d’autre part, à identifier les principaux déterminants psychosociaux (relatifs à la période de fin de vie) qui influent sur l’expérience de deuil de l’aidant. Méthode : Une revue systématique de la littérature a été menée (Hasdenteufel & Quintard, 2022). Elle visait à identifier les déterminants propres à la phase palliative du cancer qui influençent l’expérience de deuil de l’aidant. Elle a été l’un des points d’ancrage de la méthodologie utilisée pour les recherches empiriques et s’est vue complétée par des perspectives cliniques. Deux protocoles ont ainsi émergé : le premier, de design qualitatif et longitudinal, dont l’objectif était de décrire et d’analyser le vécu de l’aidant confronté à la fin de vie du patient et à la perte de celui-ci ; le second, de design quantitatif, qui avait pour but d’identifier l’influence de certains déterminants relatifs à la période de fin de vie sur l’expérience de deuil de l’aidant. A cet effet, de nombreux concepts ont été explorés à l’aide d’outils valides (e.g. émotions, qualité de vie, stratégies de coping, deuil, trouble de stress post-traumatique, croissance post-traumatique, etc.) dont les résultats ont été soumis à 3 diverses méthodes d’analyse (e.g. corrélations, régressions multiples, classification hiérarchique, analyses thématiques, théorie ancrée, etc.). Néanmoins, aucun outil valide n’existait à ce jour pour évaluer les représentations de la mort ; il a donc été nécessaire d’en créer un et de le valider (Q-ReM, Hasdenteufel et al. soumis). Résultats : Il ressort de ces études que, lors de la période de fin de vie, l’aidant éprouve un sentiment d’absence et prend conscience de la perte à venir en conséquence de l’altération de l’état général du patient. L’aidant s’abime ; s’évader devient alors pour lui une nécessité. Sa qualité de vie, ses émotions, ses stratégies de coping, ses représentations de la mort et bien d’autres déterminants influencent son expérience de deuil (e.g. deuil pathologique, trouble de stress post-traumatique, croissance post-traumatique). Après le décès du patient, l’aidant éprouve son absence au regard de ce qu’il représentait pour lui. S’il traverse un véritable séisme émotionnel, il se force à aller de l’avant ; et maintenir un lien symbolique avec le patient devient alors fondamental. Enfin, d’autres résultats tendent à montrer que les aidants peuvent, selon leur vécu avant la perte, être regroupés selon certains profils qui détermineront en partie leur deuil à venir. Discussion : Les résultats sont discutés et questionnés au regard de la littérature et des pratiques existantes autour de cette problématique. Des perspectives de recherche sont proposées, visant à améliorer la méthodologie d’investigation auprès de proches aidants confrontés à la fin de vie des patients. Enfin, des perspectives cliniques, qui nécessiteront d’être éprouvées, ont été élaborées afin de penser autrement leur accompagnement.