Sécurité des antituberculeux utilisés dans la prise en charge de la tuberculose multirésistante
Auteur / Autrice : | Maurice Mbwe Mpoh |
Direction : | Francesco Salvo |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Pharmacologie - Option pharmaco-épidémiologie, pharmaco-vigilance |
Date : | Soutenance le 18/12/2023 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Bordeaux population Health |
Jury : | Président / Présidente : Antoine Pariente |
Examinateurs / Examinatrices : Annie Fourrier, Jérôme Ateudjieu | |
Rapporteur / Rapporteuse : Marie-Christine Pérault-Pochat, Albert Figueras |
Mots clés
Résumé
La tuberculose (TB) est une maladie causée par le bacille de Koch. Elle est la neuvième cause de décès dans le monde et la première cause de décès d’origine infectieuse, devant le VIH/SIDA. Le développement de résistance due à une mauvaise utilisation des médicaments antituberculeux a donné naissance à de nouvelles formes de tuberculose, dont la tuberculose multirésistante (TB-MR). La TB-MR est une forme particulièrement dangereuse de TB qui se défini par la résistance à la fois à l’isoniazide et à la rifampicine, les deux antituberculeux de première intention les plus efficaces. Les pays en voie de développement, dont le Cameroun, sont particulièrement touchés. Un traitement efficace de la TB-MR passe par l’association de plusieurs médicaments pendant une longue période comme le recommande l’Organisation mondiale de la Santé. En effet, depuis 2016 le régime de traitement court et standardisé recommandé par l’OMS subdivisait la prise en charge de la TB-MR en deux phases distinctes pouvant aller de 9 à 11 mois. La première phase dite intensive durait 4 à 6 mois avec la prise de 7 antituberculeux (Kanamycine/amikacine, moxifloxacine, prothionamide, isoniazide haute-dose, clofazimine, ethambutol, et pyrazinamide). La deuxième phase dite phase continue avait une durée fixe de 5 mois avec 4 antituberculeux (Moxifloxacine, clofazimine, ethambutol, and pyrazinamide). L’objectif de cette thèse était d’évaluer la sécurité des médicaments antituberculeux utilisés dans la prise en charge de la TB-MR au Cameroun. Dans un premier temps, nous avons réalisé une étude dont l’objectif principal était d’évaluer le profil de sécurité des traitements utilisés pour la TB-MR dans le principal hôpital de prise en charge de cette maladie au Cameroun. Cette étude a permis d’identifier la surdité liée aux aminosides comme principale cause de changement ou d’arrêt de traitement. Deuxièmement, nous avons évalué la conformité aux recommandations de l’OMS sur le traitement de la TB-MR, ainsi que la persistance des patients au programme et au traitement. Cette étude a quant à elle révélé une très bonne conformité aux recommandations de l’OMS, mais aussi une baisse progressive de la persistance, en particulier pendant la phase continue. Enfin, étant donné qu’au cours de notre thèse, les aminoglycosides ont été remplacés par la bédaquiline dans le nouveau régime de traitement court et standardisé recommandé par l’OMS, en raison de problèmes d’ototoxicité et autres, nous avons réalisé une étude préliminaire de la sécurité et de la persistance de ce nouveau traitement. Ce travail a montré que les problèmes d’ototoxicité ont disparu et que la persistance au traitement s’est améliorée, tout en soulignant les risques de douleurs articulaires et de problèmes cardiaques associés au nouveau régime. Ces résultats montrent que malgré le changement de médicaments, les effets indésirables sont couramment associés aux schémas thérapeutiques de la TB-MR au Cameroun. Il est donc nécessaire de mettre en place un système solide de surveillance de la sécurité des médicaments qui permettra aux prestataires de soins de santé et aux décideurs politiques d’évaluer en permanence le profil de sécurité des médicaments utilisés et d’améliorer les résultats cliniques. Comme le traitement mis en œuvre est maintenant basé sur la bédaquiline, il faut être prudent dans la surveillance des événements cardiovasculaires car d’autres médicaments comme la clofazimine, et la moxifloxacine ont également le pouvoir de prolonger l’intervalle QT.