Thèse soutenue

Applied and collaborative ? : essays on the changing nature of corporate scientific research

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Federico Bignone
Direction : Francesco LissoniRussell Thomson
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 13/12/2023
Etablissement(s) : Bordeaux en cotutelle avec Swinburne University of Technology
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Entreprise, économie, société (Talence, Gironde ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bordeaux sciences économiques
Jury : Président / Présidente : Elizabeth Webster
Rapporteurs / Rapporteuses : Katrin Hussinger, Markus Simeth, Pascale Roux

Résumé

FR  |  
EN

La science d'entreprise, largement entendue comme la recherche scientifique menée par des entreprises commerciales, constitue une contribution clé à l'innovation. Certaines preuves récentes ont documenté son déclin quantitatif depuis son apogée à la fin des années 1960 / début des années 1970, principalement en raison de la réduction de la taille ou de la fermeture de grands laboratoires d'entreprise (Arora et al., 2018 ; Tijssen, 2004). Malgré ces éléments de preuve, il existe encore de nombreuses zones d'ombre concernant l'étendue et les caractéristiques de ce déclin, car il n'est pas clair si les entreprises se désengagent simplement de la recherche scientifique ou si elles en modifient simplement l'organisation, en passant d'activités de R&D intégrées verticalement à un système plus dynamique de recherche interne appliquée et de collaborations avec les universités.À partir d'un jeu de données original, j'examine ces évolutions et d'autres caractéristiques qualitatives de la science d'entreprise aux États-Unis des années 1980 jusqu'en 2014. Le jeu de données provient de trois sources différentes. Premièrement, toutes les publications scientifiques provenant de Web of Science (WoS), deuxièmement, des données d'entreprise et des brevets provenant de l'édition américaine d'Orbis, et enfin, des citations de littérature non brevetée (NPL) dans la base de données “reliance on science” de Marx & Fuegi (2020).J'aborde trois questions connexes. La première concerne l'augmentation éventuelle du nombre de publications collaboratives entre universités et entreprises, ainsi que les facteurs qui les motivent. Je montre que l'augmentation des collaborations s'accompagne d'une diminution de l'implication directe des entreprises dans la recherche scientifique, mais que cette corrélation est influencée par des facteurs liés à la nature de la science, plutôt que par des considérations commerciales des entreprises. Plus précisément, la probabilité de collaboration entre les entreprises et les universités augmente dans les domaines à évolution rapide, et leur relation dépend de la taille de l'entreprise.La deuxième question s’intéresse au fait de savoir si la science d'entreprise est devenue plus appliquée et moins fondamentale. Je constate que la science d'entreprise est progressivement devenue plus appliquée et moins fondamentale que la science académique, après avoir contrôlé par les domaines et les revues, indépendamment de l'âge et de la taille des entreprises.La troisième question concerne la possibilité que le déclin de la science d'entreprise soit dû, au moins en partie, au court-termisme induit par la pression des actionnaires. À cette fin, j'étudie l'impact des introductions en bourse (IPO) sur les activités de recherche des entreprises. Pour ce faire, j'utilise des données sur la population des entreprises déposant une IPO entre 1996 et 2010 avec au moins une publication ou un brevet. Je trouve un effet positif des IPO tant sur les publications d'entreprise que sur les publications collaboratives. Je ne constate aucun effet sur les citations ultérieures des publications, le caractère fondamental ou appliqué. J'explique ce résultat par un accès accru des entreprises au capital et l'arrivée de nouveaux scientifiques.En conclusion, l'analyse réalisée dans cette thèse éclaire l'évolution de la science d'entreprise de 1980 à 2014, contribuant ainsi à la littérature récente sur le déclin de la science d'entreprise. Le déclin des publications d'entreprise s'accompagne d'une augmentation notable des collaborations entre universités et entreprises. De plus, les entreprises se sont tournées vers une science plus appliquée et moins fondamentale, ce qui soutient l'hypothèse d'un court-termisme accru. Cependant, les preuves de la pression des actionnaires sont moins prononcées, car les entreprises qui se rendent publiques intensifient leurs efforts de recherche au lieu de les restreindre.