Thèse soutenue

"Petite enfance et santé en Afrique". Une anthropologie des maladies infantiles locales face aux savoirs et pratiques endogènes de soin à Sangmélima (Cameroun)

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Auteur / Autrice : Louis stéphane Nlate Nten
Direction : Laurence Kotobi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnologie - Option Anthropologie sociale et culturelle
Date : Soutenance le 11/12/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bordeaux population Health
Jury : Président / Présidente : Abel Kouvouama
Examinateurs / Examinatrices : Nathalie Bonini, Elodie Razy
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrice Yengo, Charles-Édouard de Suremain

Résumé

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Comment peut se comprendre la nécessité d'utiliser les savoirs et les pratiques endogènes de soins pour prévenir et traiter les maladies infantiles locales chez les Bulu de Sangmélima (sud-Cameroun) ? Telle a été la question charnière qui m’a conduit vers ce terrain bulu dans cette thèse qui s’inscrit dans l’anthropologie de la santé et celle de l’enfance. En vue d’explorer les maladies infantiles locales et les savoirs et pratiques endogènes de soins dédiés à leur prévention comme à leur traitement (auprès des jeunes enfants de zéro à cinq ans) la stratégie d'enquête qualitative a privilégié une ethnographie du détail, une approche mosaïque, des observations, entretiens, récits de vie et focus group pour collecter les données. Cette étude de terrain menée aussi bien en langue vernaculaire (langue locale) que véhiculaire (français) s'est concentrée sur la zone rurale, principal foyer d'observation des interactions et rôles des différents acteurs concernés par cette médecine infantile endogène, et des mécanismes préventifs et thérapeutiques de ces maladies infantiles locales. Tout autant que les maladies infantiles connues de la biomédecine, ces maladies infantiles locales menacent régulièrement la santé des enfants dans cette zone. Cependant, elles ne sont pas intégrées aux statistiques officielles des mortalités infantiles et infanto-juvéniles, car très peu connues et peu considérées par les programmes et les politiques de santé publique de la région. En se focalisant sur leur étude, cette thèse vise à les mettre en lumière ; démontre la nécessité de la plus-value de les connaître à partir des connaissances et des pratiques endogènes de soins « situés » dédiés à leur guérison ; interpelle et éclaire les politiques publiques et sociales de santé infantile qui semblent encore les ignorer. Ce travail montre que deux éléments fondamentaux donnent un sens à la prévention, au traitement ou à la guérison de ces maladies infantiles locales uniquement par les savoirs et pratiques endogènes. Premièrement, le fait qu’elles soient inscrites dans les référents et conceptions endogènes de cette population faisant d’elles des constructions sociales et culturelles partagées; deuxièmement, du fait d’être des constructions sociales et culturelles partagées induit que les savoirs appliqués endogènes ─ jugés ancestraux, plus pratiques, plus proches et efficaces par les Bulu ─ soient habilités à les diagnostiquer et à les prendre en charge, face au système de soin biomédical camerounais, ici perçu comme inadapté et trop peu accessible au quotidien dans ce contexte.