Thèse soutenue

Rôle du sous-bois sur le fonctionnement microbien du sol en forêt

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Auteur / Autrice : Lucie Bon
Direction : Laurent Augusto
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biogéochimie et écosystèmes
Date : Soutenance le 11/12/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et Environnements (Talence, Gironde ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interactions sol plante atmosphère (INRA Bordeaux-Aquitaine)
Jury : Président / Présidente : Frédéric Garabétian
Examinateurs / Examinatrices : Gwenaëlle Lashermes, Agnès Robin
Rapporteur / Rapporteuse : Virginie Baldy, Michaël Aubert

Résumé

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L'adaptation des forêts face aux changements globaux est l’un des enjeux majeurs du 21ème siècle. Dans un contexte où les ressources du sol risquent de fortement diminuer à l’avenir à cause d’une forte variabilité de la disponibilité en eau ou d’un appauvrissement en nutriments non-renouvelables comme le phosphore, il parait essentiel d’évaluer l’impact des pratiques locales, telles que la fertilisation ou la gestion du sous-bois, pour assurer une gestion durable des écosystèmes forestiers.Cette thèse s’inscrit dans un contexte de forêt tempérée gérée et vise à comprendre le rôle du sous-bois et son interaction avec la disponibilité en ressources hydriques ou nutritives sur certaines fonctions des écosystèmes forestiers comme la productivité des arbres, la décomposition de la matière organique ou le stockage de carbone du sol.La thèse s’est appuyée sur deux forêts plantées de pin maritime (Pinus pinaster Ait.) dans les landes de Gascogne qui présentent des fonctionnements et des sous-bois contrastés en raison de différences liées à la nappe phréatique : l'une est située sur une lande humide avec une nappe superficielle, tandis que l'autre se trouve en lande sèche avec une nappe profonde. Au sein de ces forêts, des traitements croisés de suppression du sous-bois et de fertilisation ont été mis en place depuis la plantation. Des collectes de sol à différentes profondeurs et à différentes échelles de temps ont été menées afin d’observer la dynamique des processus étudiés (stockage de carbone, biomasse microbienne, activités enzymatiques, respiration liée à la dégradation de divers substrats carbonés). Des systèmes d’exclusion des pluies ont également été mis en place au cours d’un été pour mimer un allongement de la période de sécheresse estivale à l’image de ceux prédits à l’avenir, et ainsi évaluer les effets d’un déficit hydrique extrême sur les microorganismes du sol.La suppression du sous-bois a eu un effet très marqué sur le microclimat dans les deux écosystèmes forestiers, cependant l’amplitude de cet effet était plus grande en lande sèche qu’en lande humide. La forêt en lande humide étant limitée par les nutriments, la levée de la contrainte nutritive obtenue par fertilisation au phosphore ou élimination du sous-bois a ainsi eu pour effet d’augmenter la production de biomasse aérienne, mais n’a pas ou peu affecté les processus du sol. Bien que la remontée de la nappe phréatique en hiver ait eu un impact très fort sur les communautés microbiennes et le carbone du sol, la manipulation de la ressource hydrique durant la période estivale n’a pas ou peu influencé le fonctionnement du sol en lande humide. En lande sèche, la suppression du sous-bois a permis d’augmenter fortement la croissance des pins, probablement grâce à l’allègement d’une compétition pour les ressources, surtout durant les premières années de rotation. Cependant, la gestion du sous-bois a eu un effet très négatif sur les stocks de carbone du sol car les espèces qui composent le sous-bois en lande sèche (c.-à-d. des plantes Ericacées) tendent à favoriser l’accumulation de la matière organique. Cet effet négatif était accompagné d’une activité plus faible des communautés microbiennes dans les parcelles gérées à cause de la diminution de l’humidité du sol et des apports en matière organique par les plantes de sous-bois. L’amplification de la sécheresse estivale a eu peu d’impact sur les communautés microbiennes, probablement car ce milieu est déjà caractérisé par des déficits hydriques importants.Ces résultats soulignent que l’influence du sous-bois n’est pas univoque puisqu’elle dépend du contexte environnemental, et qu’il est nécessaire d’évaluer l’importance relative des différentes ressources telles que l’eau et les nutriments en lien à la composition du sous-bois si l’objectif est d’optimiser des fonctions spécifiques de l’écosystème comme la croissance des arbres ou les stocks de carbone du sol à l’échelle de l’écosystème.