Thèse soutenue

DLL4 au niveau de la GLIA LIMITANS, un acteur clé de la physiopathologie de la neuro-inflammation

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Auteur / Autrice : Pierre Mora
Direction : Candice Chapouly
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie Cellulaire et Physiopathologie
Date : Soutenance le 09/11/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Talence, Gironde ; 1993-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Biologie des maladies cardiovasculaires (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Aude Panatier
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Cécile Boulay, Carine Ali, Thomas Tourdias
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Cécile Boulay, Carine Ali

Résumé

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Introduction : Au cours de la neuro-inflammation, les astrocytes, qui font partie intégrante de l’unité neuro-vasculaire avec les vaisseaux de la barrière hémato-encéphalique (BHE), subissent des changements morphologiques et moléculaires appelés « astrogliose ». On parle alors d’« astrocytes réactifs » dont le phénotype est complexe avec des effets soit bénéfiques, soit délétères, sur l’intégrité de la BHE. Pour caractériser le transcriptome astrocytaire induit par l'astrogliose en contexte inflammatoire et ainsi mieux comprendre les conséquences qui en découlent au niveau du système nerveux central, le laboratoire a réalisé un séquençage de l'ARN sur des astrocytes humains en culture, quiescents versus réactifs. Ce séquençage a permis d’identifier le gène delta like canonical Notch ligand 4 (Dll4), un ligand de la voie NOTCH, comme étant fortement surexprimé par les astrocytes réactifs in vitro. Cette observation a été vérifiée in vivo sur des biopsies corticales de lésions actives de patients atteints de sclérose en plaques.Objectifs : Notre objectif est d’étudier la contribution de la signalisation DLL4-NOTCH1 aux effets de l’astrogliose en condition neuro-inflammatoire.Méthodes : Dans un premier temps, nous avons développé deux modèles murin d’inhibition génique spécifiquement astrocytaire de Dll4 (souris DLL4ACKO), le premier permettant une inhibition partielle et le second une inhibition totale du DLL4 astrocytaire. Puis dans un second temps, nous avons mis au point un modèle préclinique d’inhibition pharmacologique systémique reposant sur un anticorps monoclonal bloquant dirigé contre DLL4 injecté à des souris sauvages C57BL/6. Le modèle de neuro-inflammation que nous avons utilisé est un modèle murin de sclérose en plaques appelée encéphalomyélite auto-immune expérimentale (EAE) qui consiste à immuniser l’animal contre sa propre myéline. La taille des lésions, l'inflammation, la démyélinisation et le handicap clinique ont été mesurés afin d’évaluer la gravité de la pathologie. En parallèle, nous avons utilisé in vitro des astrocytes primaires humains incubés avec l’interleukin 1 beta afin de mimer un état inflammatoire et ainsi induire l’astrogliose. Dans ce modèle, l’inhibition de DLL4 est obtenue par traitement avec un petit ARN interférent (siRNA) dirigé contre DLL4.Résultats : In vivo, nous avons observé une diminution de la gravité de la pathologie chez les souris Dll4ACKO proportionnelle au degrés d’inhibition du DLL4 astrocytaire. D’un point de vue clinique, le handicap moteur est moins important chez les souris mutées que chez les souris contrôles. D’un point de vue anatomo-pathologique, ces mêmes animaux présentent une diminution de l’astrogliose, corrélée à une diminution de l'expression astrocytaire du facteur pro-inflammatoire interleukin 6 (IL6), et des facteurs de perméabilité vasculaire, thymidine phosphorylase (TYMP) et vascular endothelial growth factor A (VEGFA). In vitro, nous avons démontré que la signalisation juxtacrine DLL4-NOTCH1 dans les astrocytes réactifs participe au contrôle direct du niveau transcriptionnel d’IL6 et que l’inhibition de cette voie engendre une diminution de la production de TYMP et VEGFA. Enfin, nous avons prouvé que le traitement de souris C57BL/6 avec un anticorps monoclonal dirigé contre DLL4 réduit l’invalidité clinique dans un modèle d'EAE et permet le maintien de l’imperméabilité de la BHE.Discussion : L'ensemble de ces données suggère que DLL4 induit une partie des effets délétères de l’astrogliose durant l’EAE via la promotion de l’inflammation et la perturbation de la structure de la BHE. Ainsi, nous pensons que l’axe DLL4-NOTCH1, dans les astrocytes réactifs en contexte inflammatoire, représente une cible intéressante pour le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques pour la prise en charge des pathologies neuro-inflammatoires comme la sclérose en plaques, pour lesquelles les options thérapeutiques font encore cruellement défaut.