Inflammation, vieillissement et maladies chroniques : implications des inflammasomes
Auteur / Autrice : | Florent Guerville |
Direction : | Julie Dechanet-Merville |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Microbiologie - immunologie |
Date : | Soutenance le 20/10/2023 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Talence, Gironde ; 1993-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : ImmunoConcEpT Immunologie Conceptuelle, Expérimentale et Translationnelle (Bordeaux ; 2003-....) - Composantes innées de la réponse immunitaire et différenciation |
Jury : | Président / Présidente : Thierry Couffinhal |
Examinateurs / Examinatrices : Éric Boulanger, Delphine Sauce, Virginie Petrilli | |
Rapporteur / Rapporteuse : Éric Boulanger, Delphine Sauce |
Mots clés
Résumé
L’inflammation chronique de bas grade fait partie des piliers de la biologie du vieillissement, du fait de données épidémiologiques et expérimentales en faveur de son implication dans plusieurs maladies chroniques liées à l’âge. Toutefois les voies moléculaires et cellulaires de cette inflammation restent mal caractérisées, tout comme la contribution exacte de cette inflammation à la physiopathologie de ces maladies. Les inflammasomes constituent une voie moléculaire candidate de cette inflammation. Ces complexes multi-protéiques intra-cellulaires s’assemblent sous l’effet de divers signaux de danger, permettant l’activation de la caspase-1, la maturation et la libération des interleukines (IL)-1b et 18, et une forme de mort cellulaire inflammatoire appelée pyroptose. Notre travail porte sur la contribution de l’inflammation, et en particulier celle des inflammasomes, à la physiopathologie de trois maladies chroniques : le cancer, l’infection par le VIH, et l’insuffisance rénale chronique sévère.Dans une première partie, nous avons examiné l’hypothèse d’une contribution de l’inflammation chronique de bas grade à l’augmentation de l’incidence et de la mortalité observée au cours du vieillissement, via une revue conceptuelle de la littérature. Nous décrivons les arguments épidémiologiques (associations entre biomarqueurs d’inflammation systémique et cancer des patients âgés), thérapeutiques (données suggérant que cibler l’inflammation, notamment l’IL-1b, pourrait réduire l’incidence et la mortalité par cancer) et expérimentales (modèles animaux proposant l’inflammation comme un lien entre des mécanismes de vieillissement biologique et le cancer).Dans une seconde partie, nous avons exploré la contribution des inflammasomes à l’inflammation résiduelle observée au cours de l’infection par le VIH, contrôlée par anti-rétroviraux. Les taux sériques d’IL-1b et IL-18 indiquaient une activation des inflammasomes chez ces patients, accompagnée d’un profil métabolique de stress oxydatif. Leurs monocytes ne produisaient pas plus de cytokines inflammatoires in vitro, mais leur réponse à une stimulation de l’inflammasome NLRP3 était plus forte que celle des témoins sains.Dans une troisième partie, nous avons recherché une implication des inflammasomes dans la survenue d’évènements cardio-vasculaires après transplantation rénale chez les receveurs âgés. Une étude cas-témoins ne retrouvait pas de marqueur sérique d’activation des inflammasomes chez ces patients. En revanche, in vitro, le sérum de ces patients diminuait la réponse de monocytes sains à des activateurs de NLRP3 (formation d’agrégats de protéine ASC, libération d’IL1b). Cela n’était pas reproduit par les immunosuppresseurs, mais possiblement expliqué par une régulation transcriptionnelle.En conclusion, les inflammasomes semblent impliqués dans la physiopathologie de plusieurs maladies chroniques liées à l’âge. Une meilleure compréhension mécanistique, notamment des sources cellulaires de cette inflammation, est nécessaire pour développer des biomarqueurs pronostiques et des cibles thérapeutiques chez les patients âgés.