Thèse soutenue

Effets des signaux RF environnementaux de cinquième génération sur l'activité électrique des neurones en culture

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Anne Canovi
Direction : Yann PercherancierNoëlle Lewis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 25/10/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Talence, Gironde ; 1993-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de l'intégration du matériau au système (Talence, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Anne-Karine Bouzier-Sore
Examinateurs / Examinatrices : Yann Percherancier, Julien Modolo, Jean-Marc Edeline, Claire Dalmay
Rapporteurs / Rapporteuses : Julien Modolo, Jean-Marc Edeline

Résumé

FR  |  
EN

À l’heure où les transformations numériques irriguent nos sociétés, où les équipements et les usages sont devenus connectés, la population est toujours plus exposée aux ondes radiofréquences (RF). Ces ondes électromagnétiques émises par les appareils sans fil tels que les téléphones mobiles, les antennes relais, les équipements Wi-Fi et bien d’autres, font désormais partie de notre vie quotidienne. Depuis plusieurs décennies, les effets potentiels des signaux RF sur les systèmes biologiques sont un sujet de préoccupation important. Jusqu’à présent, le seul effet biologique identifié et expliqué de l’exposition aux RF est l’échauffement des tissus vivants. Afin de protéger les populations des effets thermiques indésirables, des limites d’exposition ont été établies, limites généralement exprimées en termes de Débit d’Absorption Spécifique (DAS, W/kg) représentant la puissance électromagnétique absorbée par unité de masse.La recherche est aujourd’hui tournée vers l’exploration d’effets biologiques non-thermiques, en particulier sur le système nerveux central (SNC). En effet, le SNC pourrait être l’une des cibles principales de l’exposition aux RF en raison de la proximité entre le téléphone portable et le cerveau pendant les appels téléphoniques ainsi que de la nature excitable des neurones.Récemment, la cinquième génération (5G) de téléphonie mobile a été conçue pour améliorer la quatrième génération (4G), en offrant notamment des débits plus élevés. Pour ne pas engorger les réseaux actuels qui arrivent déjà à saturation, deux nouvelles bandes de fréquences ont été allouées à la technologie 5G : la bande à 3,5 GHz est en cours de déploiement et celle à 26 GHz le sera ultérieurement. Dans ce contexte, mon projet de thèse vise à évaluer l’impact des nouveaux signaux 5G à 3,5 GHz sur l’activité électrique de neurones en culture. Notre approche repose sur l’utilisation d’un banc expérimental combinant électrophysiologie et exposition aux RF. Pour réaliser des mesures en temps réel de l’activité neuronale, des cultures primaires de neurones de rat ont été réalisées sur des matrices de microélectrodes (MEA). Ces MEAs ont ensuite été placées dans un système d’exposition, plus précisément dans une cellule transverse électromagnétique (TEM), afin d’exposer de façon uniforme les neurones aux signaux 5G à 3,5 GHz.À des valeurs de DAS proches des normes environnementales (1 et 3 W/kg), fixées à 2 W/kg pour une exposition locale de la tête, nous n’apportons aucune preuve significative que l’exposition à des signaux 5G affecte l’activité électrique des neurones in vitro. En revanche, à des niveaux de DAS élevés (28 W/kg) et par conséquent bien au-delà des normes, nous observons une inhibition de l’activité électrique des neurones, principalement sur le nombre moyen de bursts. Cette exposition à fort DAS s’accompagnant d’une élévation de température mesurable, les cultures de neurones ont également été soumises à un échauffement équivalent par chauffage direct. La discussion met en avant les différences et similitudes des effets induits par l’exposition RF ou le chauffage direct, afin de cerner l’éventuelle part thermique de l’effet inhibiteur des RF à forte puissance d’exposition.