Thèse soutenue

Caractérisation de la pathophysiologie hippocampique dans l'encéphalite auto-immune : de la synapse au circuit

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Auteur / Autrice : Daniel Hunter
Direction : Laurent Groc
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 11/10/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Talence, Gironde ; 1993-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Interdisciplinaire de Neurosciences (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Mireille Montcouquiol
Examinateurs / Examinatrices : Ana Luisa Carvalho, David Wyllie, Dimitri Kullmann
Rapporteurs / Rapporteuses : Ana Luisa Carvalho, David Wyllie

Résumé

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L'encéphalite NMDAR et GABAaR sont des syndromes neurologiques d'origine immune, se manifestant par des complications de crises et de neuropsychiatrie. Des études moléculaires ont établi une voie d'action des autoanticorps dérivés des patients, où les récepteurs NMDAR et GABAaR sont transloqués hors des compartiments synaptiques et ultérieurement internalisés. Paradoxalement, cette diminution de l'expression en surface, que ce soit des canaux ioniques excitatoires ou inhibiteurs, conduit à une hyperexcitation des réseaux neuronaux. Notre objectif est de caractériser l'impact fonctionnel à une plus grande échelle de l'action des anticorps, au niveau synaptique, cellulaire et circuitaire, afin d'élucider précisément les mécanismes par lesquels les autoanticorps NMDAR et GABAaR induisent un phénotype hyperexcitable de crises dans les contextes cliniques.Nous avons examiné les perturbations synaptiques induites par les actions indirectes des autoanticorps NMDAR et GABAaR, englobant les dysfonctionnements des entrées excitatrices et inhibitrices sur les cellules hippocampiques. De plus, nous avons élargi le modèle de pathogenèse de la maladie pour inclure la fonctionnalité altérée des interneurones GABAergiques dans les réseaux hippocampiques, en caractérisant les changements dans l'excitabilité cellulaire intrinsèque de populations cellulaires discrètes de l'hippocampe.Nous avons démontré que l'exposition aux autoanticorps NMDAR et GABAaR réduit l'amplitude des courants postsynaptiques AMPAR-médiés et GABAaR-médiés (sEPSC et sIPSC, respectivement). De manière intrigante, les réductions relatives observées dans les amplitudes des sIPSC des cellules exposées aux autoanticorps NMDAR et GABAaR étaient supérieures à celles observées dans les sEPSC. Les déficits plus marqués de la neurotransmission inhibitrice suggèrent qu'en équilibre, les entrées synaptiques sur les cellules pyramidales deviennent déséquilibrées en faveur de l'hyperexcitation. Pour comprendre comment ces entrées synaptiques aberrantes sont intégrées fonctionnellement dans l'activité des réseaux hippocampiques, nous avons ensuite étudié les populations cellulaires de l'hippocampe pour des altérations de l'excitabilité intrinsèque. Nous avons montré que les autoanticorps GABAaR perturbent de manière unique la population cellulaire excitatrice, en induisant une augmentation du potentiel de membrane au repos, ce qui favorise une propension accrue à générer des potentiels d'action en réponse à l'injection de courant. Cette augmentation du potentiel de repos peut être sous-tendue par la perte de l'inhibition GABAergique tonique sur ces cellules, connue pour contribuer à l'excitabilité intrinsèque dynamique, que nous avons également observée être abolie après exposition aux autoanticorps GABAaR.De plus, nous avons démontré un impact unique des autoanticorps NMDAR sur les populations de cellules inhibitrices, où l'excitabilité intrinsèque est significativement réduite. Dans ce cas, l'exposition aux autoanticorps NMDAR semble hyperpolariser le potentiel de membrane au repos des interneurones GABAergiques, réduisant ainsi leur production de potentiels d'action. Cela est conforme à un modèle classique de désinhibition, dans lequel un contrôle inhibiteur puissant sur les réseaux hippocampiques est aboli, conduisant à une activité hyperexcitable déstabilisée dans la population cellulaire excitatrice.En fin de compte, notre travail a élargi les connaissances actuelles sur les mécanismes pathologiques impliqués dans deux maladies encéphalitiques auto-immunes et contribue à identifier des points nodaux de convergence dans ces deux conditions, apportant des explications quant aux présentations phénotypiques similaires observées à l'échelle clinique.