Stimulations magnétiques transcrâniennes et aphasie chronique post-AVC : individualisation et modifications électrophysiologiques induites
Auteur / Autrice : | Sophie Arheix-Parras |
Direction : | Bertrand Glize |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences cognitives et Ergonomie - Option Sciences Cognitives |
Date : | Soutenance le 02/10/2023 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Bordeaux population Health |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Hesling |
Rapporteur / Rapporteuse : Xavier de Boissezon, Adrian Guggisberg |
Mots clés
Résumé
Si le traitement de référence pour la récupération de l’aphasie post-AVC (Accident Vasculaire Cérébral) est l’orthophonie, les stimulations cérébrales non invasives, telles que les stimulations magnétiques transcrâniennes répétées (rTMS), constituent de nouvelles pistes pour sa récupération. La majorité des études dans ce domaine utilisent des stimulations inhibitrices ciblant le gyrus frontal inférieur (IFG) droit, avec pour objectif de réduire l’effet possiblement délétère l’hémisphère contralésionnel. Or, ce principe, issu de la théorie de la balance interhémisphérique, minimise le rôle complexe de l’hémisphère droit, notamment son rôle prépondérant dans le cadre de troubles sévères post-AVC. De plus, la cible corticale majoritairement choisie en rTMS est le gyrus frontal inférieur droit (i.e., homologue de Broca), ceci quel que soit le type de troubles langagiers que présente la personne aphasique. Cependant, ce choix de stimuler principalement cette zone corticale est réducteur de l’organisation complexe des réseaux langagiers. Notre première interrogation s’est donc centrée sur les possibilités et la pertinence d’individualiser la rTMS (cible corticale et paramètres), afin d’en améliorer l’impact langagier pour les personnes aphasiques. Par ailleurs, l’exploration des mécanismes neurobiologiques sous-tendus par la rTMS est encore peu développée, notamment en électroencéphalographie (EEG). Or, les études via EEG, et plus particulièrement l’analyse de potentiels évoqués reliés (ERP), sont des approches pertinentes pour explorer les processus se déroulant lors de tâches langagières, grâce à leur grande précision temporelle. De manière exploratoire, nous nous sommes alors interrogés sur les modifications EEG induites par la rTMS au niveau de tracés ERPs dans des tâches de dénomination d’images auprès de patients aphasiques post-AVC. Nous avons développé trois études expérimentales au modèle Single Case Experimental Design (SCED), afin d’analyser les possibilités d'individualisation de la rTMS. La première étude a proposé la comparaison de stimulations facilitatrices versus inhibitrice de l’IFG droit pour les patients présentant une aphasie sévère à la phase chronique (n=6). Les résultats retrouvés ont été hétérogènes, permettant une remise en question de la balance interhémisphérique et mettant en avant l’importance de l’hémisphère droit dans la récupération. Dans une deuxième étude, nous avons proposé de choisir la cible corticale en fonction de la spécificité des troubles présentés par la personne aphasique : nous avons alors utilisé un protocole de rTMS visant le cortex moteur des lèvres pour des personnes présentant des troubles de type phonologique (n=3). Les résultats comportementaux ont été positifs, soulignant la pertinence de choisir la cible corticale en fonction de la spécificité des troubles langagiers. La troisième étude s’est centrée sur un participant gaucher souffrant d’une aphasie sévère à la suite d’un AVC droit. Nous avons adopté pour cette dernière étude une démarche très individualisée afin de déterminer la stimulation la plus efficace pour ce participant au profil atypique. Ces trois études ont permis de mettre en avant la pertinence de proposer une approche plus individualisée de la rTMS. En parallèle de ces résultats comportementaux, nous avons exploré les différences de tracés ERPs en tâche de dénomination des participants avant et après application des protocoles de rTMS. Ces analyses n’ont pas encore permis d’établir un biomarqueur électrophysiologique d’efficacité de la rTMS, mais de nombreuses pistes d’analyses sont proposées (i.e., analyses en temps fréquence, comparaison à des groupes de personnes neurotypiques), ainsi que des perspectives pour de futures recherches, proposant notamment des analyses ERPs plus à distance du protocole.