Thèse soutenue

Migrations et fonctionnements des groupes humains entre le Néolithique et l’Âge du Bronze dans le sud de la France : apports de la paléogénomique

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Auteur / Autrice : Ana Arzelier
Direction : Marie-France DeguillouxMélanie Pruvost
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie biologique
Date : Soutenance le 29/09/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et Environnements (Talence, Gironde ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : De la Préhistoire à l'Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie (Talence)
Jury : Président / Présidente : Dominique Castex
Examinateurs / Examinatrices : Wolfgang Haak, Vincent Ard, Philippe Lefranc
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie Besse, Claudio Ottoni

Résumé

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À travers une approche paléogénomique multiscalaire, ce travail vise à étudier la diversité génétique des groupes humain du sud de la France entre le Néolithique et l’Âge du Bronze au regard des transformations culturelles identifiées dans le registre archéologique. Dans une optique de documentation régionale et diachronique, cette étude a été construite autour d’un intervalle chronologique large, s’étendant entre le VIe et le IIe millénaire avant notre ère, et d’une aire spatiale circonscrite à la région Occitanie. Nous nous sommes ainsi intéressés à un corpus de 11 sites archéologiques, totalisant 184 restes humains analysés et permettant d’obtenir des données génomiques pour 78 individus. Grâce à une approche populationnelle, nous avons pu discuter des transformations des pools génétiques et dynamiques populationnelles identifiées à la fois au cours de la transition mésolithique-néolithique et au cours du IIIe millénaire avant notre ère. Nos résultats renforcent la dichotomie entre les courants de néolithisation continental et méditerranéen. La diffusion néolithique méditerranéenne semble, en effet, associée à des groupes de taille plus restreinte, se démarquant par des phénomènes de métissages récurrents avec les groupes mésolithiques. L’examen de la variabilité génétique régionale entre la seconde phase de néolithisation et la première moitié du IIIe millénaire avant notre ère illustre également une relative continuité génétique au sein des groupes du sud de la France, indépendamment des transformations culturelles documentées. À partir de la seconde moitié du IIIe millénaire, une ancestralité génétique nouvelle issue des steppes pontiques se diffuse plus largement en Europe de l’Ouest. Nos résultats complètent et confortent les observations précédentes à l’échelle de l’Europe occidentale, signalant une diffusion plus tardive et moins marquée dans le sud de la France de cette ancestralité génétique. Parallèlement, nous avons également caractérisé la diversité génétique des groupes étudiés à l’échelle des ensembles sépulcraux, afin d’enrichir la compréhension du fonctionnement social de ces communautés et leurs pratiques funéraires. Nous avons par exemple pu explorer le potentiel d’une approche archéogénomique multidisciplinaire, et son application aux contextes sépulcraux collectifs. Dans ce cadre, nous avons ainsi combiné données génomiques, données archéo-anthropologiques et modélisations bayésiennes à partir des dates radiocarbone afin de mener une documentation extensive de la cavité sépulcrale Néolithique récent de l’Aven de la Boucle (Corconne, Gard). Les analyses ont notamment révélé l'existence d'un système patrilinéaire avec une nette corrélation entre l'appartenance à un lignage paternel spécifique et l'accès à la sépulture. En passant par plusieurs échelles de résolution, l’ensemble de nos résultats amorce le comblement d’une lacune temporelle et spatiale pour les groupes du sud de la France entre le VIe et le Ier millénaire avant notre ère et souligne le potentiel d’une approche paléogénomique pluridisciplinaire et locale, permettant ainsi une meilleure appréhension des contextes funéraires régionaux.