Thèse soutenue

Gestion techno-économique des industries lithiques hors silex au cours du Paléolithique supérieur : Le cas de la transition solutréo-badegoulienne dans le Sud-Ouest français (circa 24-21 ka cal. BP)

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Auteur / Autrice : Quentin Villeneuve
Direction : Sylvain DucasseJean-Pierre Bracco
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Préhistoire
Date : Soutenance le 15/06/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et Environnements (Talence, Gironde ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : De la Préhistoire à l'Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie (Talence)
Jury : Président / Présidente : Sophie Archambault de Beaune
Examinateurs / Examinatrices : Caroline Renard, Caroline Hamon
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Archambault de Beaune, François Bon

Résumé

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Les modèles actuels d’évolution techno-économique des groupes humains au cours du Paléolithique récent dans le Sud-Ouest français s’appuient sur des témoins variés parmi lesquels les industries lithiques jouent un rôle prépondérant. Leur étude est toutefois souvent restreinte aux seuls vestiges en silex, de sorte que l’exploitation des autres roches (e.g. quartz, dolérite, basalte) est généralement peu prise en compte et que sa documentation est limitée par des méthodes d’analyse parfois peu adaptées. Alors que l’utilisation conjointe de silex et de roches non silicifiées suggère leur complémentarité économique, ces dernières, jugées par le prisme de leur aptitude à la taille, sont souvent réduites à l’image de matériaux de second choix employés de manière opportuniste.Exception notable au sein du Paléolithique récent, le Badegoulien (23-21 cal ka BP) se singularise par l’emploi fréquent de roches non silicifiées. Ce caractère, considéré comme une spécificité de ce techno-complexe aux systèmes de production souples et adaptifs, le distingue du Solutréen récent (24-23 cal ka BP), qui s’illustre au contraire par des productions en silex fortement investies. L’accentuation du recours aux roches non silicifiées apparaît ainsi comme un élément remarquable de la réorganisation techno-économique qui marque la transition solutréo-badegoulienne. Cette assertion, fondée sur de rares études de cas, demande à être pondérée par de nouvelles données, notamment concernant le Solutréen récent pour lequel cette composante reste quasi-inexplorée.Cette question est réévaluée dans ce travail au moyen d’une approche intégrée mêlant pétroarchéologie, technologie lithique, examen des unités techno-fonctionnelles et analyses de répartition spatiale. Les résultats obtenus sur deux séries solutréennes du Sud-Ouest (niveau de plein air de Landry et couches 29 à 31 de l’abri du Cuzoul de Vers) démontrent que le recours aux roches non silicifiées répond à des besoins spécifiques dont certains occupent une place structurante dans le système technique (production des autres équipements, notamment en silex). Leur analyse permet d’affiner la reconstitution des activités réalisées, par l’identification de registres techniques non documentés par ailleurs, et apporte des données complémentaires concernant l’organisation spatio-temporelle des occupations (segmentation spatiale, durée, planification). Comparés aux observations faites sur deux séries badegouliennes (station de plein air du Chatenet et couches 22 à 27 du Cuzoul de Vers) et couplés à une réévaluation des données existantes, ces résultats précisent les différences perceptibles entre les deux techno-complexes, qui tiennent principalement à l’importance économique de ces équipements. Leur position, périphérique en regard d’autres outillages, s’inscrit dans la hiérarchie économique des productions du Solutréen récent. Elle semble en revanche plus affirmée au Badegoulien, témoignant de l’adaptation de ce techno-complexe aux ressources locales. Ces données renforcent ainsi, tout en les nuançant, les modèles évolutifs précédemment établis.Ce travail, en proposant une méthode d’analyse adaptée aux vestiges en roches non silicifiées, montre ainsi la pertinence d’une étude intégrée et comparée des industries lithiques dans l’élaboration d’une approche systémique, à visée palethnographique, des comportements techniques des sociétés humaines préhistoriques.