Thèse soutenue

Lutter contre la traite des êtres humains : une analyse comparative de l’action publique de la France et des Pays-Bas

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Auteur / Autrice : Sarah Roux
Direction : Daniel Compagnon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 12/04/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Émile Durkheim - Science politique et sociologie comparatives (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Cécile Vigour
Rapporteurs / Rapporteuses : Antoine Pécoud, Laurie Boussaguet

Résumé

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La traite des êtres humains (TEH) connaît un grand développement depuis la fin du XXème siècle. Elle toucherait jusqu’à 25 millions de personnes selon le Département d’État des Etats-Unis. Elle constitue la troisième forme de trafic la plus répandue, après les drogues et les armes. Très lucrative, la TEH générerait 150 milliards de dollars de profits par an selon l’Organisation internationale du Travail. Non seulement ce phénomène porte atteinte aux droits de l’Homme, mais il remet en cause l’autorité des États sur leurs territoires. Dans ce contexte, la TEH devient progressivement un enjeu majeur sur les scènes nationales, régionales et internationales. Particulièrement touchés, les pays occidentaux sont généralement reconnus comme des « bons élèves » en matière de lutte contre la TEH par la communauté internationale. A travers l’étude des cas de la France et des Pays-Bas des années 1980 à 2018, nous proposons de questionner le présupposé selon lequel non seulement les États occidentaux mettent en place des politiques publiques de lutte contre la TEH, mais ces dernières comptent parmi les plus accomplies en la matière. Nous argumentons que les apparences cachent de fortes disparités dans la priorité qu’ils accordent à cette problématique. Ce faisant, nous explorons certaines zones d’ombre de la littérature sur la TEH. Si cette dernière a surtout étudié les réponses occidentales à la TEH, elle privilégie une approche globale et homogénéisante à l’échelle occidentale ou européenne au détriment d’une analyse plus fine au niveau national. Elle se focalise bien souvent sur les mesures législatives au détriment d’autres aspects des réponses publiques développées par les États occidentaux. Enfin, elle se concentre majoritairement sur la traite sexuelle et tend à négliger les autres formes de TEH. Plus encore, nous proposons d’ouvrir une réflexion autour des déterminants de la priorité consacrée à la lutte contre la TEH. Dans ce but, nous comparons les processus d’émergence et de mise à l’agenda de la TEH en France et aux Pays-Bas, de même que les processus de construction de ce problème public. Notre recherche repose sur le recueil et l’analyse qualitative de documents produits par les acteurs de la lutte contre la TEH au sein des deux pays (qu’il s’agisse des acteurs associatifs, militants, politiques et institutionnels), et d’une quarantaine d’entretiens conduits auprès de ces acteurs.