Thèse soutenue

Effet de la diversité des arbres sur la réduction des risques liés aux tiques pour la santé humaine

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Auteur / Autrice : Audrey Bourdin
Direction : Hervé Jactel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Écologie évolutive, fonctionnelle et des communautés
Date : Soutenance le 09/06/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et Environnements (Talence, Gironde ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : BIOdiversité, GEnes et Communautés (Bordeaux)
Jury : Président / Présidente : Olivier Plantard
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Vanwambeke
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Desnier-Lebert, Hélène Verheyden

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les changements globaux, climatiques ou de surexploitation des habitats, menant à l’érosion de la biodiversité et des contacts plus étroits entre les populations humaines et la faune sauvage, concourent à augmenter le risque de zoonoses. Ces modifications concernent en particulier les maladies transmises par les tiques comme la borréliose de Lyme, causée par des bactéries du genre Borrelia. En effet, les densités de tiques et la fréquence des maladies qu’elles transmettent dépendraient en grande partie de la biodiversité des vertébrés hôtes. Des études américaines ont ainsi montré que la prévalence de borrélies chez les tiques Ixodes scapularis diminuait par effet de dilution quand augmentait la proportion de vertébrés hôtes incompétents. En Europe, de récentes études sur Ixodes ricinus suggèrent que la structure et la diversité de l’habitat peuvent aussi avoir des effets diluants ou amplificateurs sur les risques de maladies transmises par les tiques.A l’aide d’une revue systématique de la littérature scientifique et d’expériences sur le terrain, nous avons cherché dans cette thèse à répondre aux trois questions suivantes : (i) Quel est le rôle de la forêt comme réservoir de tiques et comment leur densité dépend-elle de l’abondance et de la diversité de leurs hôtes vertébrés ; (ii) Quel est l’effet de la biodiversité des forêts sur les densités de tiques et leur taux d’infection par les bactéries; (iii) Quelles sont les composantes de la biodiversité des forêts qui exercent un effet direct ou indirect sur les densités de tiques et la prévalence des bactéries associées.Pour répondre à ces interrogations, nous avons réalisé une méta-analyse pour comparer les densités de tiques entre les habitats forestiers et les habitats ouverts (naturels ou anthropiques) suivie d’une méta-régression pour tester comment les abondances de tiques sont influencées par l'abondance de leurs hôtes vertébrés en forêt. Nous avons également testé l’effet de la diversité des arbres sur les densités de tiques et la proportion de tiques infectées au sein d’un dispositif expérimental manipulant la diversité des essences forestières. Enfin, nous avons échantillonné les tiques le long de gradients de diversité des essences forestières dans un réseau de sept sites en Europe pour évaluer l’effet combiné de la diversité des arbres et des plantes du sous-bois sur les tiques et les pathogènes associés.Nos résultats montrent que les forêts, et plus particulièrement les forêts mixtes décidues-conifères, constituent les habitats avec les plus grandes densités de tiques. Nos expériences de terrain ont aussi révélé que la richesse spécifique en arbres induit une réduction de la prévalence des borrélies associées aux nymphes de Ixodes ricinus. Enfin, la diversité des plantes de sous-bois impacte à la fois la densité des tiques et les taux d'infection par Borelia, et la proportion de plantes appétentes pour le chevreuil entraîne une réduction des taux d'infection par plusieurs pathogènes.Ces résultats suggèrent donc que la biodiversité des forêts, au niveau de la strate arborée et du sous-bois, peuvent affecter l'abondance des tiques et la prévalence des agents pathogènes de façon indirecte en modifiant la composition des communautés de vertébrés et en favorisant les processus de dilution par les hôtes incompétents. Des recherches supplémentaires seraient cependant nécessaires pour quantifier plus directement l’effet de la diversité des forêts sur la faune de vertébrés et leur charge en tiques vectrices de maladie. Elles permettront de confirmer que l’augmentation de la biodiversité forestière peut aider à réduire le risque de transmission des maladies associées aux tiques. Combinés aux effets connus de la diversité des essences forestières sur la réduction des maladies des arbres, nos résultats sur la santé humaine contribuent à établir les liens entre biodiversité et santé globale selon le concept One Health.