Le patron atone et le phénomène de la désaccentuation en japonais moderne

The Atonic Pattern and the Deaccentuation Phenomenon in Contemporary Japanese

• Auteur / Autrice : Rie Urasoko
• Direction : Laurence Labrune
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Linguistique
• Date : Soutenance le 18/12/2023
• Etablissement(s) : Bordeaux 3
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cognition, langues, langage, ergonomie (Toulouse ; 2006-....)
• Jury : Président / Présidente : Yayoi Nakamura Delloye
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Laurence Labrune, Gabriel Bergounioux, Takeki Kamiyama, Cédric Patin
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Yayoi Nakamura Delloye, Gabriel Bergounioux

Mots clés

Mots clés contrôlés

Intonation (linguistique)

Accents et accentuation

Phonologie

Japonais (langue)

Mots clés libres

Phonologie du japonais

Accentologie

Tonologie

Changement accentuel / tonal

Désaccentuation du japonais

Japanese phonology

Accentology

Tonology

Accent / tonal change

Japanese deaccentuation

Résumé

Cette thèse aborde un sujet qui soulève des questions fondamentales pour la phonologie accentuelle du japonais (de Tōkyō moderne) ainsi que pour la théorie phonologique générale. Il s’agit de l’existence de mots atones (inaccentués) et de la désaccentuation (changement du patron accentuel en vertu duquel une forme tonique devient atone), deux phénomènes typologiquement rares suscitant également des interrogations théoriques plus générales. L’objectif de notre recherche est d’examiner les facteurs morphophonologiques qui favorisent ou entravent la désaccentuation. La méthodologie consiste à étudier les caractéristiques communes des noms ayant subi une désaccentuation entre deux éditions d’un dictionnaire de prononciation et d’accent (1998 et 2016, édition de la NHK) en prenant en compte cinq paramètres : la longueur des noms, la position originelle du noyau accentuel, la structure morique, la structure morphologique et la fréquence. Un des résultats les plus importants concerne les deux premiers paramètres. Ce résultat amène à classer les noms japonais en trois catégories de taille (petite, moyenne et grande) et à diviser les patrons accentuels en deux natures (fort et faible) en fonction de leur réceptibilité à la désaccentuation. L’importance que nous accordons à cette catégorisation doit être comprise à la lumière de l’influence de ces facteurs sur le processus de désaccentuation, indépendamment d’un facteur non négligeable et connu comme ayant une influence importante sur la désaccentuation, à savoir la strate lexicale. En effet, les trois strates lexicales ont des caractéristiques morphophonologiques très différentes, mais la taille de mots et les patrons forts jouent un rôle similaire dans la désaccentuation quelle que soit la strate. Cette thèse propose également une analyse tonale de la désaccentuation dans le cadre de la phonologie autosegmentale (Goldsmith 1976). Nous partons de l’hypothèse selon laquelle la désaccentuation du japonais peut s’analyser comme mettant en jeu deux assimilations tonales (horizontale et verticale), processus considérés comme naturels et basiques et fréquemment observés dans des langues à tons (Hyman 1975 ; Hyman & Schuh 1974). Cette approche purement tonale permet non seulement de saisir le mécanisme de la désaccentuation de manière simple et élégante, mais aussi de fournir des explications cohérentes avec les principaux résultats de notre étude : la sensibilité à la désaccentuation de la taille moyenne (3µ et 4µ) et celle des patrons faibles (final et pénultième) ainsi que la résistance à la désaccentuation des autres tailles (petites : 1µ et 2µ, grandes : 5µ ou plus) et celle des patrons forts (antépénultième et initial).

This thesis deals with a subject that raises some fundamental questions in the field of accentual Phonology in (contemporary Tōkyō) Japanese, as well as in the broader framework of phonological theory. It concerns the existence of atonic (or unaccented) words and of the deaccentuation phenomenon, the latter referring to an accentual pattern shift from tonic to atonic. These two typologically rare phenomena also call for broader theoretical inquiries. The aim of this research is to examine the morphophonological factors that favor or hinder deaccentuation. The methodology involves studying the shared characteristics of nouns that have undergone deaccentuation between two editions of a pronunciation and accent dictionary (1998 and 2016, NHK edition). Five key parameters have been considered: word length, original position of the accent kernel, moraic structure, morphological structure and frequency. One of the most important findings concerns the first two parameters. Based on our data study, it is claimed that in regard to the sensitivity and resistance to deaccentuation, Japanese nouns can be divided into three sizes (small, medium and large). In addition, accentual patterns can be categorized into two natures (strong and weak). The significance of this classification should be understood in the light of the influence of these factors on the deaccentuation process, independently of a factor which is known to have an important influence on deaccentuation in Japanese, namely the lexical stratum. Indeed, the three lexical strata (native, sino-Japanese and western loanwords) have very different morphophonological characteristics, but word size and strong accent patterns play a similar role when it comes to deaccentuation regardless of the stratum. The thesis also proposes a tonal analysis of deaccentuation within the framework of autosegmental phonology (Goldsmith 1976). The hypothesis is based on the assumption that Japanese deaccentuation is closely related to two (horizontal and vertical) concomitant tonal assimilations. These two natural and basic phenomena are frequently observed in tonal languages (Hyman 1975; Hyman & Schuh 1974). This purely tonal approach not only provides a simple and elegant understanding of the deaccentuation mechanism, but also aligns with the main results of our study. These findings indicate an important sensitivity to deaccentuation amongst medium sized-words (3µ and 4µ) and weak accent patterns (final and penultimate), as well as a notable resistance to deaccentuation in smaller (1µ and 2µ) and larger (5µ or more) sized-words and strong accent patterns (antepenultimate and initial).