Barbarie numérique : l'exploitation criminelle des métaux technologiques au Congo (RDC)
Auteur / Autrice : | Fabien Lebrun |
Direction : | Patrick Baudry |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'information et de la communication |
Date : | Soutenance le 10/10/2023 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Médiation, Information, Communication, Art (Pessac, Gironde) |
Jury : | Président / Présidente : Anne Beyaert-Geslin |
Examinateurs / Examinatrices : Patrick Baudry, Christophe Bonneuil, Vincent Courboulay, Annick Balestibaud-Monseigne |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette étude analyse la guerre des métaux technologiques (3TG : Tantalum, Tin, Tungsten, Gold) au Congo qui a commencé au milieu des années 1990, déterminée par la production électronique en particulier et par le capitalisme à son stade numérique en général. Plus précisément, il s’agit de démontrer que les minerais congolais sont à l’origine de la révolution numérique, octroyant une place incontournable au Congo au sein de l’histoire des « nouvelles » technologies et d’une sociogenèse de la mondialisation numérique. La région des Grands Lacs regorge effectivement de richesses minières indispensables aux secteurs high tech. L’objet de cette recherche est par la même occasion de critiquer le concept de dématérialisation qui s’apparente à l’une des idéologies les plus puissances du capitalisme contemporain, la matérialité des terminaux connectés (smartphones, tablettes, ordinateurs portables, etc.) étant délaissée par les spécialistes des technologies de l’information et de la communication (TIC) et scotomisée par les tenants des utopies communicationnelles et autres mythes de la société de l’information. Le concept d’extractivisme est ainsi convoqué afin de poser les éléments géologiques comme centraux à la globalisation digitale. Une perspective historique permet d’établir des relations d’interdépendance entre mondialisation et Congo, puisque chaque nouvelle configuration technologique du capitalisme fut le théâtre d’épisodes sanglants en Afrique centrale (naissance du capitalisme et commerce triangulaire, révolutions industrielles et ressources naturelles, développement numérique et minerais correspondants). De la traite négrière à la terreur coloniale du roi belge Léopold II (pour le « caoutchouc rouge » indispensable à l’industrie automobile) jusqu’aux minerais de sang (dont le coltan et le cobalt sur lesquels reposent la mobilité et la connexion définissant la nouvelle condition anthropologique universelle), on observe des massacres de masse à chaque étape de la mondialisation. La civilisation de l’image et de l’écran est synonyme de barbarie numérique au Congo, qui se manifeste depuis un quart de siècle par les formes suivantes : travail forcé et esclavage moderne, viol comme arme de guerre, extermination programmée des femmes et des enfants, destruction des forêts et anéantissement de la biodiversité, terre et eau saccagées – autant de caractéristiques qui font du Congo l’une des plus grandes tragédies de l’histoire contemporaine.