Thèse soutenue

Lanternes magiques et appareils de projection dans la littérature française du XIXe siècle (1792-1913) : du romantisme au symbolisme.

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Auteur / Autrice : Thomas Meynier
Direction : Philippe Ortel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Litterature francaise, francophones et comparee
Date : Soutenance le 07/12/2023
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Plurielles (Pessac, Gironde ; 2022-....)
Jury : Président / Présidente : Delphine Gleizes
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Ortel, Danielle Chaperon, Guy Ducrey, Arnaud Rykner
Rapporteurs / Rapporteuses : Delphine Gleizes, Danielle Chaperon

Résumé

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De la fable de Jean-Pierre Claris de Florian intitulée « Le Singe qui montre la lanterne magique » (1792) jusqu’à La Recherche du temps perdu de Marcel Proust (1913-1927), nombre d’œuvres littéraires en langue française convoquent, à un titre ou à un autre, des appareils de projection. Que ce soit chez Jules Janin, Xavier Forneret, Auguste de Villiers de l’Isle-Adam, Arthur Rimbaud, Charles Baudelaire, Henri-Frédéric Amiel, Rémy de Gourmont, Joris-Karl Huysmans, Théodore de Banville, Gustave Kahn, Stéphane Mallarmé, Jean Lorrain ou Saint-Pol-Roux, les lanternes magiques et les fantasmagories abondent dans les textes du XIXe siècle, et leur présence a partie liée avec les nouvelles conceptions de la littérature qui émergent à partir du romantisme et se prolongent dans les contextes décadent, symboliste ou occultiste. À partir des propositions avancées par Jacques Rancière concernant ce corpus littéraire, qui relève selon lui du « régime esthétique des arts », l’étude dégage deux grands axes de réflexion. Lorsque l’appareil figure dans un récit au sein de la diégèse, il témoigne de certains effets associés au spectacle de projection : la succession désordonnée des images, l’immatérialité de l’apparition, l’illusion qu’elle fait naître, l’intensité des couleurs obtenue par l’illumination de la peinture translucide, l’agrandissement extraordinaire des figures, l’obscurité qui entoure l’assistance. Ces effets sensibles nourrissent ou interrogent la nouvelle sensibilité littéraire qui, depuis le romantisme, accorde une place de plus en plus centrale au monde sensible et à l’expérience que le sujet peut en faire. D’autre part, lorsque le dispositif optique apparaît dans l’œuvre au titre de métaphore ou d’analogie, sa présence signale bien souvent l’influence de discours extérieurs au champ littéraire. La métaphore qui associe l’image projetée à divers faits de conscience liés à la faculté d’imagination se trouve en effet au cœur de nombreuses conceptions philosophiques, psychologiques, religieuses ou médicales. L’emploi proprement littéraire de cette métaphore permet d’interroger en retour les rapports nouveaux qui se nouent au XIXe siècle entre création littéraire, pensée analogique et imagination. Avant que le cinéma ne s’institue comme art des images projetées, la littérature a ainsi pu, durant plus d’un siècle, expérimenter la portée esthétique de la projection.