Fortifications et identités en Chalcidique : géographie historique et politiques défensives des cités de la haute époque archaïque à la paix de Nicias (+/- 900 - 421 av. J.- C.)
Auteur / Autrice : | Tewfik Naïmi Terki |
Direction : | Claire Balandier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et archéologie |
Date : | Soutenance le 11/07/2023 |
Etablissement(s) : | Avignon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Culture et patrimoine (Avignon) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Histoire et Sources des Mondes Antiques (Lyon ; 2003-....) |
Jury : | Président / Présidente : Isabelle Pimouguet-Pédarros |
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Kyriakidis | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Francis Prost, Silke Müth Frederiksen |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La valeur scientifique des fortifications a longtemps été mésestimée par les chercheurs, archéologues comme historiens. Pourtant, dès 1968, Yvon Garlan avait souligné, dans son article « fortifications et histoire grecque », publié dans Problèmes de la guerre en Grèce ancienne dirigé par Jean-Pierre Vernant, que les fortifications doivent être considérées comme un « fait de civilisation ». Par fortifications, on entend aussi bien les enceintes urbaines que les ouvrages fortifiés implantés sur le territoire d’une cité, fortins ou tours. L’étude de leur implantation topographique, l’analyse de leurs techniques de construction comme celle de leur répartition spatiale, permettent, en les conduisant sur la longue durée, de replacer les fortifications dans leur contexte historique et spatial, de construction et d’utilisation, et d’appréhender les sociétés qui les ont érigées. C’est ce que les études régionales sur l’histoire et l’archéologie de la défense des cités grecques, en constante augmentation depuis la fin des années 1990, ont démontré. Cette recherche doctorale se place dans cette perspective. Ouverte sur la mer Égée, la Chalcidique a été très tôt convoitée par les Grecs pour ses ressources et sa position géographique. Pourtant, en dépit des travaux qui se sont développés récemment dans cette région, son histoire reste mal connue. De nombreuses questions demeurent quant à l’identité des populations qui vivaient ou se sont installées sur cette péninsule, de leurs interactions et de leurs politiques de contrôle et de défense du territoire. Le premier volume constitue la synthèse historique. Divisée en deux parties, la première est une analyse de répartition des fortifications dans le temps et l’espace qui s’appuie principalement sur les outils élaborés et le catalogue des 28 ouvrages fortifiés recensés et présentés dans le volume II de cette thèse. Cette démarche de géographie historique a permis de mettre en évidence plusieurs phases dans l’évolution des politiques défensives, ainsi que plusieurs modèles de contrôle et de défense du territoire qui relèvent vraisemblablement de considérations culturelles. À la lumière de ces premiers résultats et considérant les implications identitaires mises en évidence, la deuxième partie propose une histoire actualisée de la péninsule chalcidienne aux périodes antiques, de la haute époque archaïque, à la paix de Nicias en 421 av. J. –C. Ainsi, les différents peuples qui ont colonisé la péninsule chalcidienne pendant l’époque archaïque se sont disséminés de façon hétérogène en fonction de l’espace disponible ou des ressources qu’ils convoitaient. La qualité des interactions entre les populations a participé à la construction de plusieurs identités : la gestion du territoire ainsi que les politiques défensives ou économiques en ont été des signes distinctifs, voire des symboles d’affirmation identitaires. Ce long processus, qualifiable de « darwinisme ethnique », se poursuivit après les guerres médiques : au Ve s. , l’expansion du territoire des Andriens, des Eubéens, ainsi que l’ingérence d’Athènes ont été des facteurs de scission entre les communauté grecques et celles intégrant des éléments de culture indigènes. Un des apports majeurs de cette thèse est de montrer, d’une part, que la défiance entre ces populations d’origines diverses a été un catalyseur de la mise en défense massive de la péninsule chalcidienne à cette époque et, d’autre part, qu’elle a concouru à la création du koinon chalcidien. Enfin, l’analyse de plusieurs faits pendant les conflits survenus entre 433 et 421 (déroulement des conflits, objectifs poursuivis par les cités, politiques défensives adoptées…) permet de mettre en évidence des éléments de tactiques propres à plusieurs cités et populations. De fait, cette thèse démontre que la défense du territoire est imprégnée de considérations culturelles et identitaires.