La politique étrangère égyptienne sous Moubarak et la question israélo-palestinienne (1981-2011) : au-delà d’un levier de puissance
Auteur / Autrice : | Dima Alsajdeya |
Direction : | Julian Fernandez, Henry Laurens |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 16/06/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris-Panthéon-Assas |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de droit international, droit européen, relations internationales et droit comparé (Paris ; 1992-....) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Choukri Hmed, Laurence Louër |
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Droz-Vincent, Stéphane Lacroix |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le présent travail vise à comprendre la place qu’occupe la question israélo-palestinienne et le rôle qu’elle joue en tant qu’outil de politique étrangère au service du régime égyptien, durant la présidence de H. Moubarak (1981-2011). Le président égyptien a opté pour une stratégie politique de rééquilibrage sans pour autant rompre avec l’héritage de son prédécesseur. Dans un schéma diplomatique réinventé, la question palestinienne a systématiquement été replacée au centre, contribuant à garantir la longévité du régime en place. H. Moubarak s’est emparé de ce dossier, a développé une diplomatie adaptative et a mis à profit une médiation de levier permettant de satisfaire ses intérêts politiques, économiques et sécuritaires directs et indirects à l’échelle régionale et internationale. Afin de rendre compte des mécanismes concrets et de l’évolution de la politique étrangère égyptienne, ses outils et ses fonctions en ce qui concerne ce dossier, deux arguments principaux sont mobilisés dans cette thèse : sur l’ensemble de la période de H. Moubarak et jusqu’à sa chute en 2011, la question israélo-palestinienne représente un générateur de pouvoir pour le régime égyptien en ce qu’elle permet de repositionner, et de maintenir, l’Égypte au cœur des jeux de pouvoir dans la région. Elle constitue également une source principale de rente, stratégique et diplomatique, liée aux bénéfices et privilèges octroyés à l’Égypte du fait de sa situation géostratégique et de son rôle pionnier dans l’établissement d’un traité de paix avec Israël et dans sa gestion de la question israélo-palestinienne de manière générale. La question israélo-palestinienne est également un facteur de déstabilisation pour le régime égyptien nécessitant une forme toute particulière de diplomatie essentiellement sécuritaire, notamment à partir du début des années 2000 et du déclenchement de la deuxième Intifada. L’importance progressive accordée aux services de renseignement généraux (al-mukhabarat al-‘ama) est, en ce sens, révélatrice des rapports de force internes de l’État égyptien et d’une vision « sécurisatrice » de la question palestinienne. Elle nourrit le débat sur la construction d’une politique étrangère menée par des acteurs sécuritaires et permet de confirmer l’hypertrophie des services de sécurité à l’échelle régionale comme un nouvel usage diplomatique. Cette vision de la question palestinienne comme source de déstabilisation a été confortée à la suite du coup de force du Hamas dans la bande Gaza en 2007 renforçant la primauté de la composante sécuritaire au détriment de la composante politique et contribuant ainsi à marginaliser les droits nationaux des Palestiniens.