Thèse soutenue

Le rôle des invariants optiques dans le contrôle d'altitude chez l'abeille

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Auteur / Autrice : Aimie Berger Dauxere
Direction : Gilles MontagneJulien Serres
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du Mouvement Humain
Date : Soutenance le 14/11/2023
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Sciences du mouvement humain (Marseille ; 2004-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des Sciences du Mouvement Etienne Jules Marey (ISM)
Jury : Président / Présidente : Benoît Bardy
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Montagne, Julien Serres, Aurore Avarguès-Weber, Claudio Lazzari, Mathieu Lihoreau
Rapporteurs / Rapporteuses : Aurore Avarguès-Weber, Claudio Lazzari

Résumé

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Le déplacement d'un agent dans un environnement génère un patron de flux optique, spécifique au déplacement produit. Chez l'abeille domestique Apis mellifera, la capacité à naviguer dans des tunnels de vol au moyen de la vitesse optique contenue dans le flux optique a été largement étudiée. Mais n'existe-t-il pas d'autres propriétés du flux optique qui pourraient être utilisées par les abeilles dans la régulation de leur altitude ? L'utilisation du cadre écologique proposé par J.J Gibson au siècle dernier nous donne des éléments de réponse : les invariants du flux optique donnent accès de manière non-ambigüe à l'état du système agent-environnement, ce qui en fait de bons candidats dans le cadre de la mise en œuvre de stratégies perceptivo-motrices robustes. Pourtant, leur utilisation reste méconnue chez l'insecte, limitée à la seule prise en compte du gradient de vitesse optique concomitant au déplacement de l'agent. Lors d'une tâche de suivi de sol, deux invariants optiques pourraient être pertinents : le taux de changement de la vitesse de défilement optique, dont l'utilisation a déjà été démontrée, et le taux de variation de l'angle d'évasement, dont l'utilisation n'a jamais été démontrée chez l'insecte. Nous avons construit un nouveau dispositif dans lequel ces deux invariants optiques peuvent être biaisés ou supprimés individuellement. Un motif rayé au sol donne un accès facile à la vitesse de défilement optique ventrale, tandis qu'un motif blanc rend cet accès difficile. L'angle d'évasement est matérialisé par deux tiges de carbone motorisées. Cet angle peut être modifié lors du déplacement d'une abeille le long du tunnel. Les tiges peuvent converger ou diverger, donnant aux abeilles en vol l'illusion qu'elles descendent ou montent. En faisant converger les tiges pendant que les abeilles traversaient le tunnel, nous avons observé pour la première fois qu'elles utilisaient le taux de changement de l'angle d'évasement dans une tâche de suivi de sol. Nous avons également mis en évidence que lorsque les deux invariants étaient disponibles, les abeilles se fiaient au taux de changement de la vitesse optique plutôt qu'au taux de changement de l'angle d'évasement pour réaliser une tâche de suivi de sol. Cependant, lorsque le taux de changement de la vitesse optique est difficilement accessible, elles utilisaient le taux de changement de l'angle d'évasement pour réaliser un suivi de sol. Ces résultats permettent de préciser les principes perceptivo-moteurs qui sous-tendent le contrôle d'altitude, et plus largement le contrôle du mouvement chez l'abeille. Ces mécanismes incitent à s'inspirer des études réalisées chez l'humain pour en transposer les questions chez l'insecte et vice versa.