Thèse soutenue

Les contours du « journalisme sans frontières » : sociologie politique de l’aide internationale aux médias (France, Jordanie, Tunisie)

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Auteur / Autrice : Simon Mangon
Direction : Mohamed TozyMagali Nonjon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 17/05/2023
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Sciences juridiques et politiques (Aix-en-Provence)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Mesopolhis (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône)
Jury : Président / Présidente : Naomi Sakr
Examinateurs / Examinatrices : Naomi Sakr, Irene Bono, Dominique Marchetti, Olivier Nay
Rapporteurs / Rapporteuses : Irene Bono, Dominique Marchetti

Résumé

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Cette thèse propose une sociologie politique de l'aide internationale aux médias. À partir d'une enquête multi-située et orientée sur les acteurs intermédiaires, l'auteur met en lumière les modes de transformation et d'appropriation d'une action transnationale standardisée. La thèse présente d'abord une analyse de la fabrique de l'aide aux médias. À partir du cas français, l'auteur montre que le soutien aux médias étrangers est une politique extérieure encadrée par l'État. La sociologie des « passeurs du journalisme » dessine les contours d'une communauté fragmentée. L'enquête expose à la fois leur dépendance à des espaces mieux structurés (tels que la diplomatie et l'aide au développement), ainsi que les luttes autour du modèle de « journalisme sans frontières » à diffuser. L'auteur propose ensuite une étude de la mise en œuvre de l'aide en Tunisie et en Jordanie. L'analyse montre que le soutien étranger est concentré autour d'un cercle restreint de courtiers locaux labellisés selon des critères propres aux organisations internationales plutôt qu'à la profession journalistique. À partir d'une observation du quotidien de médias et écoles de journalisme « bénéficiaires », l'auteur décrypte l'émergence d'un « journalisme par projets » qui contribue à la bureaucratisation du métier selon les codes du développement. Il montre aussi les stratégies d'appropriation et de traduction des journalistes qui négocient leur (in)dépendance et les frontières de leur métier. Enfin, à partir d'une analyse de la réforme des médias en Tunisie et en Jordanie, l'auteur étudie les modalités d'intégration de l'aide étrangère aux médias dans le jeu politique national. Il met en lumière les stratégies des élites politiques pour attirer l'aide étrangère tout en contrôlant ses effets. La comparaison expose les formes différenciées d'absorption des normes extérieures dans les deux espaces nationaux, et une tendance générale au renforcement du contrôle politique sur l'espace médiatique en parallèle de son internationalisation