Thèse soutenue

Le potentiel tumorigène et immunosuppressif de la communication intercellulaire dans l'adénocarcinome canalaire pancréatique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Zainab Hussain
Direction : Richard Tomasini
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie santé. Oncologie
Date : Soutenance le 14/04/2023
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Sciences de la Vie et de la Santé (Marseille)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille (CRCM)
Jury : Président / Présidente : Corinne Bousquet
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Sophie Chrétien, Ilaria Cascone
Rapporteur / Rapporteuse : Corinne Bousquet, Julie Gavard

Résumé

FR  |  
EN

L'adénocarcinome canalaire pancréatique (ADKP), une maladie agressive et mortelle avec une taux de survie de moins de 8 % à 5 ans, sera prochainement la principale cause de décès liés au cancer dans les pays développés dû à un diagnostic tardif, une absence de thérapies ciblées et une résistance rapide à la chimiothérapie amenant à des soins palliatifs. Un trait unique du PDAC est le microenvironnement tumoral (MET), ou stroma, représentant jusqu'à 90 % de la masse tumorale. Le MET est hétérogène, dense et composé par les fibroblastes associés au cancer (FACs) et des macrophages réquisitionnés par les cellules néoplasiques créant des circonstances favorables à la croissance de la tumeur. Le MET est une barrière à l'immunité anti-tumorale et aux thérapies. La dynamique du stroma passe aussi par la matrice extracellulaire (MEC), armature extracellulaire assurant le soutien et communication aux cellules. Les cellules de TME sont en constante communication avec les cellules tumorales soit par contact direct cellule-cellule, cellule-matrice, ou facteurs solubles et les vésicules extracellulaires (VEs), particules délimitées par une bicouche lipidique transportant protéines et acides nucléiques.Des études montrent que les VEs secrétées par la tumeur diffuse des vecteurs de signalisation de manière systémique, façonnant les cellules environnantes et distantes pour adopter des caractéristiques pro-tumorales. Néanmoins, il existe peu de preuves sur les mécanismes spécifiques de la tumorigenèse et de l'immunosuppression dues au VEs, en particulier sur leur impact sur la desmoplasie produite par les FACS et la différenciation des monocytes, précurseur primaire des macrophages associés aux tumeurs (MAT). Aussi les mécanismes à l'origine de la chimiorésistance acquise et le rôle du dialogue entre les populations stromales reste insaisissable.Pour comprendre les mécanismes d'impact tumorigène des VEs et le dialogue entre les cellules stromales en opposition à l'immunité antitumorale, l'hypothèse émise est que les cellules tumorales sécrètent des VEs, modulant simultanément les monocytes infiltrant la tumeur et les FACs conduisant à la formation d'un MET immunosuppresseur. Les monocytes peuvent être directement influencés par les VEs dès leur pénétration dans les tissus et induire leur différenciation et polarisation vers un phénotype de MAT. Les monocytes qui s'infiltrent localement peuvent être impactés par la MEC produite par les FACs, qui sont en constante modulation par les VEs des cellules tumorales. Pour étudier ces deux voies d'impact, des monocytes sains ont été différenciés avec des VEs de cellules tumorales et par contact avec des FAC-MECs traitées avec des VEs de cellules tumorales, leurs caractéristiques phénotypiques et fonctionnelles ont été observées. Par ailleurs, des FACs et des macrophages ont été cocultivés sous chimiothérapie pour analyse du phénotype des macrophages.Ces travaux ont établi que les VEs de cellules tumorales différencient les monocytes en macrophages immunosuppresseurs pro-tumoraux avec une survie accrue, une phagocytose augmentée, un profil de sécrétion et une signature protéomique distincte réduisant la prolifération, l'activation et le potentiel cytotoxique des lymphocytes T. Les FACS traités aux VEs produisent une MEC pro-tumorale par les acteurs de la voie non canonique Wnt, favorisant l'agressivité tumorale et différenciant les monocytes en un phénotype de macrophage similaire. De plus, les FACS sont capables d'induire et maintenir un phénotype de macrophage immunosuppresseur sous chimiothérapie, démontrant la complexité du dialogue intercellulaire dans le MET, soulignant l'impact local et distant des VEs des cellules tumorales sur l'immunosuppression. Les analyses à grande échelle nous ont permis d'identifier de nouvelles voies thérapeutiques potentielles de communication intercellulaire qui peuvent être utiles pour réactiver l'immunité tumorale et améliorer les réponses à la chimiothérapie.