Modulation des interneurones oriens - lacunosum moleculare
Auteur / Autrice : | Malika Sammari |
Direction : | Dominique Debanne |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie santé. Neurosciences |
Date : | Soutenance le 17/03/2023 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Sciences de la vie et de la santé (Marseille) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Unité de neurobiologie des canaux ioniques et de la synapse |
Jury : | Président / Présidente : Laurent Aniksztejn |
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Debanne, Guillaume Sandoz, Jérôme Epsztein | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jeanne Ster, Séverine Mahon |
Résumé
Les interneurones Oriens Lacunosum Moleculare (O-LM) de la région CA1 inhibent les dendrites des neurones pyramidaux de CA1 et reçoivent des entrées excitatrices glutamatergiques de ces neurones ainsi que des entrées gabaergiques, glutamatergiques et cholinergiques en provenance du fornix. Les interneurones O-LM jouent un rôle important dans la genèse des rythmes thêta et dans l'apprentissage. Des modifications de la transmission synaptique ont été démontrées dans les O-LM mais on ignore largement s'ils expriment une plasticité intrinsèque comme les neurones pyramidaux et certains interneurones à décharge rapide. Les modifications d'excitabilité intrinsèque induites dans les neurones pyramidaux ou les interneurones à décharge rapide sont exprimées en synergie avec des changements synaptiques induits. Cependant, on ignore si cette règle est valide pour les interneurones O-LM. Nous démontrons dans une première étude publiée que les interneurones O-LM expriment une potentialisation à long terme de la transmission synaptique (LTP) dépendante des récepteurs AMPA perméables au calcium (CP-AMPAR), par induction de décharges des cellules pyramidales de CA1 s'apparentant à celles enregistrées lors d'ondes thêta, et également une potentialisation à long terme de l'excitabilité intrinsèque, LTP-IE. Les mécanismes d'induction de cette LTP-IE diffèrent de ceux de la LTP : l'activité des récepteurs métabotropiques au glutamate de type 1 (mGluR1) est responsable de cette LTP-IE. La LTP et la LTP-IE dépendent toutes deux de la protéine kinase C, PKC ; cependant, la voie de signalisation menant à son activité devrait être différente dans les deux types de plasticités. Contrairement à la LTP, la LTP-IE met à contribution la phospholipase C, PLC, dont l'activité mène à une diminution de la concentration du phosphatidylinositol-4,5-bisphosphate (PIP2). Or, PIP2 régule de manière positive les canaux Kv7 et HCN. La diminution des courants M et H explique d'ailleurs à elle seule la LTP-IE évoquée. Dans une seconde étude publiée, nous montrons que la dépression à long terme de la transmission synaptique (LTD) induite par un protocole de STDP avec corrélation négative est associée à une dépression à long terme de l'excitabilité intrinsèque (LTD-IE) des interneurones O-LM. Contrairement à la LTP et la LTP-IE dont les mécanismes d'induction diffèrent, la LTD et LTD-IE dépendent toutes deux de la production d'endocannabinoïdes (eCB). Nous montrons que les eCB se lient directement aux canaux Kv7 pour augmenter le courant qu'ils produisent et réduire l'excitabilité. Dans une dernière étude, nous montrons qu'une stimulation à basse fréquence des fibres du fornix a un effet antiépileptique dans CA1 qui dépend de la somatostatine (SST), neuropeptide sécrété par les interneurones O-LM. Cet effet antiépileptique est absent chez des souris nourries à la cuprizone, pour lesquelles une démyélinisation des axones du fornix est associée à une diminution de la SST dans le stratum lacunosum moleculare. Ces résultats préliminaires pourraient rendre compte du risque élevé de crises épileptiques chez les patients atteint de sclérose en plaques.