Approche intégrative de l’épidémiologie de la maladie de Hansen en Guyane : interface homme – animal – environnement
Auteur / Autrice : | Roxane Schaub |
Direction : | Pierre Couppié, Benoît de Thoisy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Santé publique |
Date : | Soutenance le 19/12/2022 |
Etablissement(s) : | Guyane |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Diversités, santé et développement en Amazonie (Cayenne) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Ecole Doctorale 587 : Diversités, santé et développement en Amazonie |
Jury : | Président / Présidente : Antoine Adenis |
Examinateurs / Examinatrices : Stewart Thomas Cole, Alexandra Aubry, Charlotte Avanzi, Marine Combe | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Stewart Thomas Cole, Alexandra Aubry |
Mots clés
Résumé
De nouveaux cas de maladie de Hansen (MH), dus aux bacilles Mycobacterium leprae (Mla) et M. lepromatosis (Mlo), sont diagnostiqués chaque année. Le fac-teur de risque principal est le contact avec un malade, mais d’autres modes de contamination sont aussi suspectés. Le tatou est un réservoir avéré de la souche 3I de Mla aux Etats-Unis. Les risques zoonotiques et environnementaux sont mal connus en Amazonie, qui abrite plusieurs espèces de tatous et où survient la majorité des cas du nouveau monde, en particulier au Brésil. En Guyane (GF), environ 10 nouveaux patients, majoritairement brésiliens, sont diagnostiqués chaque année. Notre objectif était d’améliorer la compréhension des réservoirs et modes de transmission de la MH en GF, par la détection des bacilles chez les tatous et dans la terre, l’évaluation du risque zoonotique chez les patients, et la comparaison des souches présentes chez l'homme et le tatou.Nous avons évalué l'infection dans les tissus et le sang de tatous prélevés entre 1994 et 2021, par biologie moléculaire (qPCR RLEP pour Mla et RLPM pour Mlo), sérologie (glycolipide phénolique-1 (PGL-1) et Leprosy IDRI Diagnostic-1 (LID-1)) et histopathologie. Des qPCR RLEP et RLPM ont été réalisées dans les biopsies cutanées des patients hanséniens diagnostiqués entre 2006 et 2022. Une étude cas-témoins a exploré les liens entre MH et expositions à risque, en particulier le contact avec les tatous. Les sérologies PGL-1 et LID-1 ont été réa-lisées chez des chercheurs d’or brésiliens. Les Mla des échantillons humains et animaux positifs en qPCR RLEP ont été génotypés par séquençage Illumina, et comparés. La détection des bacilles a aussi été effectuée par biologie moléculaire dans la terre de terriers de tatous et d’une ancienne léproserie.L’infection est présente chez 21,5 % des tatous de 3 espèces. Les Mla séquencés étaient de génotype 4P chez un tatou et 1D, 4O et 4N chez six patients. Tous ces génotypes sont présents chez l’homme dans les pays voisins. L'étude cas-té-moins, du fait des biais inhérents, n’a pas permis de confirmer avec certitude le lien épidémiologique entre le contact avec les tatous et la MH. Les chercheurs d’or, avec une séroprévalence de 56,1 % pour la MH, sont très exposés aux ba-cilles. Des échantillons de terriers de tatous étaient aussi positifs en qPCR RLEP. Mlo n’a été détecté ni chez les patients, ni chez les tatous, ni dans la terre.Cette approche intégrative éco-épidémiologique de la MH a permis de mettre en évidence un réservoir enzootique important chez les tatous et un risque zoono-tique probable en GF et en Amazonie. La souche 4P de Mla, décrite ici pour la première fois chez un animal, indique que plusieurs évènements de transmis-sion ont lieu entre hommes et tatous, et que dans une même région ils sont por-teurs des mêmes souches. La terre semble jouer un rôle important dans la trans-mission intra et inter réservoirs.