Thèse soutenue

Plasticité du site de liaison et mécanisme grappin de l'adhésine FimH

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Olivier Languin-Cattoen
Direction : Fabio SterponeGuillaume Stirnemann
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Modélisation moléculaire
Date : Soutenance le 11/02/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Médicament, toxicologie, chimie, imageries (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de biochimie théorique (Paris ; 1997-....) - Laboratoire de biochimie théorique [Paris]
établissement opérateur d'inscription : Institut de biologie physico-chimique (Paris)
Jury : Président / Présidente : Emmanuel Farge
Examinateurs / Examinatrices : Fabio Sterpone, Guillaume Stirnemann, Emmanuel Farge, Patrick Senet, Juliette Martin, Adèle Laurent
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrick Senet, Juliette Martin

Résumé

FR  |  
EN

Le développement des techniques expérimentales dans le domaine de la mécanobiologie, dont la spectroscopie à force atomique sur molécule unique, a permis la mise en évidence d’assemblages biomoléculaires aux propriétés mécaniques singulières : les liaisons « accrocheuses ». Contrairement aux liaisons traditionnelles – qualifiées de « glissantes », ces liaisons non-covalentes voient leur durée de vie s’allonger lorsqu’elles sont soumises à des forces de tension. L’un des exemple de liaison accrocheuse le mieux documenté est celle formée par l’adhésine bactérienne FimH de E. coli. Située à l’extrémité d’appendices protéiques fibrillaires (les pili), FimH se lie spécifiquement aux dérivés de mannose trouvés en abondance sur certaines glycoprotéines des épithéliums humains. FimH est un facteur de virulence pour certaines souches d’E. Coli impliquées dans des infections urinaires, en leur permettant d’adhérer à l’urothélium en présence d’une perturbation hydrodynamique et d’éviter d’être éliminées lors de la miction.Le mécanisme de liaison accrocheuse de FimH a été en partie élucidé grâce à de nombreuses études expérimentales, dont un bon nombre de structures cristallographiques. Le modèle général est celui d’une allostérie intramoléculaire négative, où l’application d’une force entraîne la séparation des deux domaines constituant la protéine suivie d’une transition allostérique au sein du domaine comportant le site de liaison aux mannosides. Cette levée d’inhibition accroît alors très fortement l’affinité pour le ligand. Malgré tout, de nombreux points d’ombre demeurent sur les mécanismes précis de cette régulation interdomaine et sur l’origine structurelle de la différence frappante d’affinité entre les deux états allostériques.En nous appuyant sur l’abondante littérature expérimentales concernant FimH, nous menons une étude fondée sur des simulations de dynamique moléculaire et des méthodes d’échantillonnage renforcé. Ces techniques nous permettent d’explorer le paysage conformationnel du domaine effecteur en présence et en l’absence de domaine régulateur, et d’identifier de nouveaux états d’ouvertures du site de liaison. L’abondance relative des états d’ouverture dans les divers états allostériques est calculée et permet de mettre en évidence l’importance de la dynamique d’ouverture du site dans les affinités apparentes mesurées expérimentalement, ainsi que l’influence locale de l’application d’une force. Des simulations hors d’équilibre de dissociation du complexe sous force sont menées pour différents degrés d’ouverture et montrent un mécanisme en deux étapes dont la prise en compte est nécessaire pour rendre compte des constantes de vitesses expérimentales en l’absence de tension. Dans l’ensemble, nos résultats dressent un portrait complexe et multi-échelle du grappin moléculaire formé par FimH et soulignent l’importance des études simulatoires pour complémenter l’interprétation des données expérimentales, tout en questionnant leurs limitations.