Thèse soutenue

Rôle de la traduction dans la dégradation des longs ARNs non codants antisens chez la levure

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Auteur / Autrice : Sara Andjus
Direction : Antonin MorillonMaxime Wery
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie cellulaire et développement
Date : Soutenance le 20/10/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Complexité du vivant (Paris ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Dynamique de l'information génétique : bases fondamentales et cancer (Paris ; 2009-....)
établissement opérateur d'inscription : Institut Curie (Paris ; 1978-....)
Jury : Président / Présidente : Alice Lebreton
Examinateurs / Examinatrices : Antonin Morillon, Maxime Wery, Anne-Ruxandra Carvunis, David Tollervey, Olivier Namy
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Ruxandra Carvunis, David Tollervey

Mots clés

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Résumé

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Issus de la transcription pervasive des génomes eucaryotes, les longs ARN non codants (nc) sont aujourd’hui reconnus comme des acteurs clés dans divers processus cellulaires. Ils présentent une expression spécifique du tissu ou type cellulaire, et répondent à divers stimuli, suggèrant que leur expression est contrôlée. Leur dérégulation est associée à des maladies humaines, dont le cancer.Parmi les différents longs ARNnc, les ARN antisens (as) sont synthétisés à partir du brin opposé aux gènes codant des protéines. Malgré leur potentiel régulateur, les ARNas restent peu étudiés, à cause de leur faible abondance cellulaire. En fait, chez la levure, ils sont largement dégradés par l'exosome nucléaire et l'exoribonucléase cytoplasmique Xrn1.Des travaux récents menés chez Saccharomyces cerevisiae ont révélé que les ARNas sont ciblés vers Xrn1 par la voie du Nonsense-Mediated mRNA Decay (NMD) qui dépend de la traduction. Cette sensibilité au NMD suggère que les ARNas sont traduits, soulevant la question de leur potentiel codant. D'autre part, les ARNas peuvent former des structures ARN double brin avec les ARNm ‘sens’, les protégeant du NMD. Cependant, les mécanismes moléculaires qui régulent le ciblage des ARNas vers la traduction/dégradation ou l’appariement/stabilisation restent inconnus.Pour mieux comprendre cette problématique, ma thèse visait à étudier la conservation des mécanismes de dégradation dans le contrôle de ARNas, le rôle de la traduction dans ce processus, ainsi que l'hétérogénéité de l’appariement sens/antisens chez la levure.Tout d'abord, nous avons étudié la dégradation des ARNas chez Naumovozyma castellii, qui contrairement à S. cerevisiae contient le système d’interférence par ARN (ARNi), en examinant l'interaction entre l'exosome nucléaire, Xrn1 et la RNase III Dicer. Nos données ont montré que la dégradation des ARNas dans cette espèce dépend de l'exosome nucléaire et de Xrn1, sans effet majeur de Dicer (Szachnowski*, Andjus* et al., 2019). Elles suggèrent également que la présence de la machinerie d'ARNi cytoplasmique chez N. castellii a renforcé le rôle de l’exosome nucléaire pour restreindre l'expression des ARNas.Chez S. cerevisiae, nous avons montré que les ARNas s'accumulent dans des conditions d'inhibition de l’élongation de la traduction, renforçant l'idée que la traduction détermine leur dégradation. Des analyses Ribo-Seq (en collaboration avec le laboratoire du Dr. Namy à l'I2BC, Gif sur Yvette) ont permis de montrer que les ARNas cytoplasmiques sont activement traduits. De plus, nous avons identifié les bases moléculaires qui ciblent les ARNas vers le NMD. Enfin, nous avons montré qu’un peptide est produit à partir d’un ARNas rapporteur sensible au NMD, et est détecté dans des cellules sauvages, alors que ce transcrit est ciblé vers la dégradation via le NMD. Ces résultats sont décrits dans un preprint déposé sur bioRxiv (Andjus et al., 2022), tandis que l'importance évolutive du NMD dans la modulation des ARNnc a fait l'objet de la revue publiée dans Noncoding RNA (Andjus et al., 2021).Enfin, nous avons pu démontrer la large hétérogénéité de la co-expression des ARNm sens/ARNas à l'échelle du génome, en utilisant les données RNA-Seq de cellules uniques (en collaboration avec le laboratoire du Dr. Posas à l'IRB, Barcelone). De plus, nous avons observé une corrélation entre l'augmentation du niveau des ARNas et le nombre de cellules contenant à la fois l’ARNm sens et et son as, soulevant la question de l'impact de la formation de duplex sur le destin des ARN impliqués.En conclusion, mon projet contribue à reconsidérer l'idée que les ARNas sont dépourvus de potentiel codant, mettant en évidence le rôle de la traduction dans leur dégradation via le NMD. Ce travail chez la levure ouvre des perspectives quant à la régulation des ARNas chez les Eucaryotes supérieurs (les facteurs NMD qui les ciblent étant conservés), et quant au rôle régulateur potentiel des peptides dérivés des ARNas.