Thèse soutenue

Recherches sur les textes de méditation en tokharien

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Auteur / Autrice : Athanaric Huard
Direction : Georges-Jean Pinault
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Linguistique
Date : Soutenance le 21/01/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe de recherches en études indiennes. Paris - Groupe de recherches en études indiennes (EA2120) / GREI
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Jury : Président / Présidente : Nalini Balbir
Examinateurs / Examinatrices : Georges-Jean Pinault, Nalini Balbir, Mélanie Malzahn, Nobuyoshi Yamabe, Vincent Eltschinger, Michaël Peyrot, Richard Salomon
Rapporteurs / Rapporteuses : Mélanie Malzahn, Nobuyoshi Yamabe

Résumé

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Cette thèse se propose d'explorer un corpus de textes tokhariens relatifs à la méditation bouddhique. Le point de départ est un travail d'édition, de traduction, et de commentaire de textes tokhariens. Ce faisant, on a essayé dans la mesure du possible de comprendre la construction de ces textes en recherchant des parallèles ou en les comparant avec des textes traitant de thèmes similaires. Cette méthode nécessite parfois une recherche historique pour comprendre comment certains thèmes ont évolué dans la littérature bouddhique. La compréhension du contexte et les parallèles identifiés permettent en retour de progresser dans la connaissance des langues tokhariennes, en identifiant de nouveaux mots ou en corrigeant la traduction de certains mots déjà identifiés. Le travail se concentre sur trois ensembles principaux : 1) trois fragments continus de l'Udānālaṅkāra, le commentaire de l'Udānavarga, adaptant un discours du Madhyama-āgama, le « Discours sur les pensées » (Niàn jīng 念經), sur l'élimination des mauvaises pensées (vitarka), 2) trois feuillets successifs d'un texte de méditation sur la mort (maraṇasmṛti), dont une partie est extraite de la Yogācārabhūmi de Saṅgharakṣa, 3) et enfin un corpus de textes appartenant à une version locale du Yogalehrbuch, un manuel de méditation sanskrit retrouvé à Kizil. Le texte sur l'élimination des vitarka présente des similarités intéressantes avec un thème traité par Aśvaghoṣa (2e siècle de notre ère) dans le Saundarananda, qu'a repris Kumārajīva dans un manuel de méditation. La Yogācārabhūmi de Saṅgharakṣa, un manuel de méditation des premiers siècles de notre ère, n'est préservée qu'en chinois : la version tokharienne, plus proche du texte sanskrit, permet de mieux comprendre le texte source et comment il a été conçu en combinant la liste canonique des vents qu'on trouve dans l'analyse du corps en éléments (dhātu) et des descriptions physiologiques empruntées à la littérature médicale. Le Yogalehrbuch représente un tournant dans l'histoire des textes de méditation bouddhique, car le contenu habituel des exercices de méditation y est remplacé par un grand nombre d'images que le yogin doit se représenter mentalement. Les textes tokhariens permettent d'interpréter un des motifs principaux du texte, la consécration rituelle du yogin (abhiṣeka), comme une transposition symbolique de son entrée en recueillement (dhyāna), d'après le schéma des huit libérations (vimokṣa). Ils développent certains aspects du texte sanskrit, comme l'activation du pouvoir de l'œil divin par le yogin ou la manipulation de la matière subtile. Enfin, ils fournissent des éléments pour interpréter la pratique que suppose ce type de texte de méditation.