Thèse soutenue

Processus créateur et pratiques de travail de Jacques Gruber (1870-1936) : des dessins pour des vitraux

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Auteur / Autrice : Yasuko Egawa
Direction : Agnès Callu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Soutenance le 08/07/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Jean-Mabillon (Paris)
établissement opérateur d'inscription : École nationale des chartes (Paris ; 1821-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Michel Leniaud
Examinateurs / Examinatrices : Agnès Callu, Antonella Tufano, Gennaro Toscano, Laurent Baridon, Céline Flécheux
Rapporteurs / Rapporteuses : Antonella Tufano, Gennaro Toscano

Résumé

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Si le nom de Jacques Gruber est largement connu par les spécialistes et amateurs de vitraux, les fondements de son travail, les méthodes de sa praxis, la géographie des monuments, par lui inventés et portés, demeurent flous et mal situés en dehors des chantiers de renommée internationale. Pourtant de son vivant, la trajectoire de Gruber est fascinante car multiplexe. Artiste, ébéniste, décorateur, maître-verrier, illustrateur, designer, enseignant, chef d’entreprise, l’homme est actif tout ensemble dans la production de mobiliers, de reliures, d’arts graphiques, de pastels, de céramiques, de broderies, de dentelles encore. Mais, et l’historiographie en administre la preuve, son prestige est indexé au vitrail, matière sur laquelle il fait la démonstration d’un talent inimitable. Jacques Gruber serait-il néanmoins un « vaincu de l’histoire » ? Une monographie fine restituant la diversité de son champ d’activité était espérée et attendue par la communauté scientifique. Cependant, les archives personnelles de l’artiste autant que celles de ses ateliers - essentielles - ont disparu, seuls quelques éléments fragmentaires pouvant dès lors être soumis à la critique. C’est la raison pour laquelle, cette thèse suit une sente irrégulière : elle se saisit de ce que les sources iconographiques et textuelles lui offrent aujourd’hui pour observer une création singulière pendant une période donnée, un domaine particulier ou un projet développé. Actif à Nancy avant la Première Guerre mondiale et à Paris immédiatement après, la principale période d’activité de Jacques Gruber coïncide avec l’époque où l’Art nouveau et l’Art déco sont flamboyants. Le périmètre de travail est dès lors auto-défini.La thèse s’agence en trois parties. La première - dans les sillons d’une histoire sociale des représentations qui travaille les figures biographiques pensantes et agissantes dans le secteur des Arts - examine deux points : d’une part, la façon dont Gruber, formé à Nancy et à Paris comme peintre et ayant suivi des cours d’arts décoratifs, construit des réseaux professionnels à son retour à Nancy ; d’autre part, les activités créatives de l’artiste hors du champ stricte du vitrail. La deuxième partie – mobilisant les outils de la génétique artistico-textuelle - se centre sur les conditions d’invention et de médiation du vitrail. « Face à la matière », un travail érudit de reconstitution des monuments est entrepris. De la sorte, à partir d’une masse critique quantitativement colossale et ardue quand elle se présente à la façon de lambeaux : segments de maquettes et cartons, croisée avec les prises de paroles de Gruber lui-même et les retours d’expériences de ses contemporains, un travail austère et précis de recomposition du geste créateur de Jacques Gruber est initié afin de partir à la recherche de sa « main au dessin » qui, théoricienne et artisane, pédagogique et esthétique, artistique et sociale, sacrée et laïque, imagine, élabore, construit des monuments de verre partout célébrés pour leur puissance novatrice. En classant les chantiers par ordre chronologique, on s’emploie ici à démontrer non seulement les extensions du domaine d’activité premier, mais aussi, surtout, les moments de bifurcation, les surgissements inventifs, en un mot, les continuités et ruptures, pas de côtés et itérations, d’un travail aux allures singulières. La troisième partie – quittant le domaine de la génétique des œuvres pour revenir à l’histoire culturelle lorsqu’elle traque les héritages d’une pensée, d’une mode ou d’une invention - analyse les représentations de Gruber sur le court, moyen et long terme, sondant de quelles manières l’artiste s’impose comme un « rénovateur de vitrail » (sic), fait modèle, infuse les pratiques des artistes contemporains fascinés par les lumières du vitrail ?