Thèse soutenue

Nourrir le monde avec une appli : L'agriculture numérique, les startups et l'attrait des petits dispositifs

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Cornelius Heimstädt
Direction : Didier Torny
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences, technologies, sociétés
Date : Soutenance le 17/11/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale SDOSE (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de sociologie de l'innovation (Paris)
établissement de préparation de la thèse : École nationale supérieure des mines (Paris ; 1783-....)
Jury : Président / Présidente : Maximilian Fochler
Examinateurs / Examinatrices : Didier Torny, Nathalie Jas, Kelly Bronson, Liliana Doganova
Rapporteurs / Rapporteuses : Madeleine Fairbairn, Frédéric Goulet

Résumé

FR  |  
EN

Face aux nombreuses crises auxquelles l’agriculture est confrontée aujourd’hui (p. ex., changement climatique, perte de biodiversité, insécurité alimentaire), un nombre croissant d’entreprises privées développent des technologies numériques comme solutions potentielles, dont les applications mobiles jouissent d’une popularité particulière. S’appuyant sur les études des sciences et des techniques, la sociologie économique et la sociologie agricole, cette thèse examine l’essor des applications agricoles et ce qu’il révèle sur la façon dont le secteur technologique aborde les problèmes liés à l’agriculture. La thèse entreprend une étude de cas ethnographique de PHYTØ, une application dont le développeur, une startup agtech appelée FLORA, déclare qu’elle contribuera à « nourrir le monde » en aidant les petits agriculteurs à diagnostiquer et à traiter les dommages aux plantes. Empiriquement, la thèse reconstruit la trajectoire de PHYTØ sur une période de neuf ans (2014-2022) et montre comment la réponse de l’appli à la pathologie végétale, et par extension à la sécurité alimentaire, a changé au fil du temps. Elle est divisée en quatre chapitres qui tournent autour de quatre problématiques caractérisant le travail quotidien de la startup, à savoir l’assetization de l’agtech, la construction d’algorithmes, la performance de l’expertise et la représentation des utilisateurs. Dans l’ensemble, les résultats de la thèse confirment l’argument largement accepté parmi les chercheurs en sciences sociales et humaines selon lequel les technologies de l’agriculture numérique ont tendance à renforcer plutôt qu’à résoudre les problèmes agricoles enracinés dans le passé (p. ex., la surutilisation des intrants). En même temps, la thèse approfondit cette littérature en montrant comment ce renforcement émerge dans les pratiques de travail quotidiennes par une interaction de décisions de design ordinaires, de pressions économiques, de contraintes technologiques et des résistances matérielles des matières agricoles.