La dépossession matérielle comme espace de convalescence : enquête sur la restauration des corps, des rythmes et des sensibilités en Anthropocène
Auteur / Autrice : | Nathan Ben Kemoun |
Direction : | Valérie Guillard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Management |
Date : | Soutenance le 28/11/2022 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale SDOSE (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Dauphine Recherches en management (Paris) - Dauphine Recherches en management (Paris) |
établissement opérateur d'inscription : Université Paris Dauphine-PSL (1968-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Véronique Perret |
Examinateurs / Examinatrices : Valérie Guillard, Véronique Perret, Hélène Cherrier, Eric Rémy, Céline Rosselin-Bareille, David Pontille, Alexandre Monnin | |
Rapporteur / Rapporteuse : Hélène Cherrier, Eric Rémy |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L'accélération sociale des existences altère en profondeur la relation de soi à soi, en particulier dans le rapportquotidien et ordinaire aux environnements matériels (Rosa 2010). Prolongeant les travaux de l'anthropologie de laculture matérielle (Julien et Rosselin 2009), les travaux portant sur la dépossession et la déconsommation en sciencesde gestion (Cherrier et Murray 2007) ainsi que les ''Maintenance Studies'' en sociologie de l'innovation (Denis etPontille 2020), la thèse que nous donnons à lire réinvestit cette tension de la modernité sous l'angle des usages ducorps, des gestes de soin adressés aux choses et des rythmes sur lesquels ces gestes s'élaborent et se déploientdans l'espace. À travers une enquête qualitative auprès de résidentes et résidents franciliens engagées dans desdémarches de déconsommation, notre travail explore les répercussions de périodes localisées de dépossessionmatérielle sur les façons d'habiter, de construire ses gestes et de prendre soin des choses. Nous étudions enparticulier les continuités qui circulent entre les manières de prendre soin des choses et les relations tissées à sonpropre corps dans ces moments de décrochage et de latence. Nous décrivons ces périodes comme autant d'espacesde convalescence où se restaurent ensemble la vitalité des gestes posés dans le réel et la vitalité des environnementsmatériels, ainsi que la sensibilité entendue comme capacité d'éprouver, d'être traversé par l'environnement autour desoi et d'y reconstruire des actions significatives et consistantes (Hachette et Hüet 2021). Conscients des horizonsd'indisponibilité d'énergie et de ressources, nous tentons alors d'envisager le devenir des usages du plaisir et desmodes d'existence sous les traits d'une « sobriété intensive » libérant les corps, les énergies et les formes de présenceau monde, en réduisant les dépendances qui ne pourront pas être maintenues à moyen et long-terme (Bonnet,Landivar et Monnin, 2021). À l'instar des enquêtes des amateurs de musique qui confèrent de la signification et del'intensité aux expériences tactiles et sonores auprès des instruments, la déconsommation est ici envisagée comme untravail ludique et impliquant sur ses attachements, autant de manières de rendre corps à une écologie solidaire de sesmatérialités et de ses atmosphères les plus immédiates.