Thèse soutenue

Recours aux soins de santé mentale pour les personnes civiles exposées aux attentats du 13 novembre 2015. Description des parcours de soins et analyse de leurs déterminants

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Philippe Pirard
Direction : Antoine MessiahThierry Baubet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé publique - épidémiologie
Date : Soutenance le 10/02/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé Publique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif, Val-de-Marne ; 2010-....)
référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Santé publique (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Maria Melchior
Examinateurs / Examinatrices : Émilie Olié, Thanh-Huy Éric Bui
Rapporteurs / Rapporteuses : Émilie Olié, Thanh-Huy Éric Bui

Résumé

FR  |  
EN

Les attentats du 13 novembre 2015 ont exposé à un événement potentiellement traumatique plusieurs milliers de personnes civiles directement (menacés, témoins) ou indirectement (endeuillé, ami proche). Cette thèse se fonde sur les 575 réponses des civils à l’Enquête de Santé publique Post-Attentats du 13 novembre par web questionnaire 8 à 11 mois après. L’originalité de cette thèse était de ne pas s’arrêter à la mesure de l’impact psychotraumatique mais aussi de décrire les parcours de soins de santé mentale et d’en mieux connaître les déterminants. Les résultats montrent un fort impact (38 % de TSPT, 33%, de symptômes dépressifs élevés). La prévalence des TSPT chez les endeuillés non directement exposés (49%) était équivalente à celle des directement menacés (53%). Les facteurs de risque de TSPT étaient : être une femme, ouvrier, en couple, avoir été menacé, avoir un proche exposé dans les attentats, des antécédents de traitement pour problèmes psychologiques, déclarer un nombre élevé de problèmes somatiques. Le recours à un dispositif de soins de santé mentale concernait 67% des répondants (39% de visites chez un psychiatre ou psychologue, 35% de rencontres avec un spécialiste dans un dispositif de terrain, 17% de recours au médecin généraliste, 16% de recours à une association de/aide aux victimes). Deux tiers des répondants ont vu un généraliste pour un problème somatique relié aux attentats. Un tiers ont engagé un soin régulier, dont 48% dans le premier mois. La proportion de personnes ayant utilisé au moins un des dispositifs de soins augmentait selon que la personne ne présentait ni symptômes dépressifs ou anxieux ni TSPT (55 %),des symptômes anxieux (59%), des symptômes dépressifs sans TSPT (79%), un TSPT seul (89%) ou un TSPT associé à des symptômes dépressifs (92 %). Parmi les personnes souffrant de TSPT, les témoins ont moins eu recours aux soins que les menacés. Les facteurs associés à l’engagement de soins réguliers étaient : des symptômes dépressifs élevés ou un TSPT, déclarer de nombreuses plaintes somatiques, avoir été menacé directement et/ou avoir un proche exposé dans les attentats, des antécédents de traitement pour dépression, être en couple, avoir vu un médecin généraliste ou une association de/d’aide aux victimes. Chez ceux qui souffraient d’un TSPT, les raisons évoquées pour ne pas avoir engagé des traitements réguliers étaient ne pas en avoir éprouvé le besoin ou des raisons psychologiques (mauvais contact, se sentir illégitimes), avant des problèmes d’accès ou de finances. La fréquence élevée du TSPT requiert pour tous les exposés une attention soutenue pour leur dépistage et leur prise en charge. L’information sur les possibilités de prise en charge doit être largement diffusée. Des efforts doivent être portés sur les témoins ainsi que sur les craintes de stigmatisation ou à l’égard des soins psychologiques. Les associations jouent un rôle favorable pour l’orientation des personnes. La prise en charge ponctuelle en urgence par le psychiatre ou le psychologue, peut aussi avoir un rôle de sensibilisation sur l’utilité d’engager un soin régulier en cas de souffrance mentale. Il faut former les médecins, au dépistage et à l’orientation vers les dispositifs de prise en charge des troubles de santé mentale dont peuvent souffrir des personnes exposées à ces événements et qui viendraient pour des plaintes somatiques.