Thèse soutenue

L'évolution des génomes organellaires des algues rouges et l'origine des plastes complexes rouges

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Auteur / Autrice : Fabian Van beveren
Direction : David MoreiraPurificación López-GarcíaLaura Eme
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Évolution
Date : Soutenance le 28/11/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Structure et dynamique des systèmes vivants (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Écologie, systématique et évolution (Orsay, Essonne ; 2002-....)
Référent : Faculté des sciences d'Orsay
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-….)
Jury : Président / Présidente : Didier Casane
Examinateurs / Examinatrices : Ingrid Lafontaine, Fabien Burki, Richard Dorell
Rapporteur / Rapporteuse : Ingrid Lafontaine, Fabien Burki

Résumé

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Les algues sont des eucaryotes photosynthétiques très diversifiés que l'on retrouve dans plusieurs groupes dans l'arbre des eucaryotes. Elles sont responsables de la majeure partie de la production primaire sur Terre, mais leur histoire évolutive reste obscure. Les glaucophytes, les algues rouges et les plantes vertes (algues vertes et plantes terrestres) possèdent des plastes dérivés de cyanobactéries, probablement obtenus à la suite d'une seule endosymbiose ayant eu lieu avant leur dernier ancêtre commun. En revanche, de nombreuses autres lignées eucaryotes ont acquis des plastes dits ''complexes'', non pas à partir d'une cyanobactérie, mais par un événement endosymbiotique dit “secondaire”, avec une algue verte ou rouge. Dans le cas des plastes complexes verts (trouvés chez les euglènes et les chlorarachniophytes), à la fois l'hôte et l'endosymbionte ont été identifiés. Au contraire, les ancêtres des diverses lignées porteuses de plastes complexes rouges ne sont pas clairement identifiés. Quatre lignées divergentes abritent des plastes complexes rouges : Myzozoa, Ochrophyta, Cryptophyta et Haptophyta. Elles comprennent de nombreux groupes écologiquement importants tels que les diatomées, les laminaires et les coccolithophores.L'identité de l'ancêtre de leurs plastes est possiblement restée obscure en raison du faible échantillonnage taxonomique disponible pour les algues rouges unicellulaires, qui sont les plus susceptibles d'être apparentées à l'ancêtre algal rouge de ces plastes complexes. Le superphylum Proteorhodophytina, récemment défini, contient de nombreuses algues unicellulaires et filamenteuses qui n'ont pas encore été incluses dans les analyses phylogénomiques des plastes. De plus, leurs génomes plastidiques sont uniques parmi les algues rouges car ils présentent une évolution très dynamiques dûe à la prolifération d'introns auto-épissés. Nous avons séquencé et analysé les génomes organellaires de 25 algues rouges unicellulaires et filamenteuses. Nous avons détecté de multiples événements de prolifération d'introns entraînant une expansion des génomes plastidiques et mitochondriaux. Les lignées sœurs Rhodella et Corynoplastis contiennent les plus grands génomes plastidiques, mais leurs expansions génomiques se sont produites indépendamment. Nous avons montré que les introns auto-épissés restent très mobiles dans les classes Rhodellophyceae et Porphyridiophyceae.Avec cet échantillonnage taxonomique amélioré, nous avons reconstruit la phylogénie des algues rouges et des plastes complexes rouges. Les analyses phylogénomiques précédentes ont souvent retrouvé les plastes complexes rouges comme formant un groupe monophylétique, ce qui soutient une seule origine algale rouge de ces plastes complexes. Grâce à notre échantillonnage amélioré, nous confirmons ce résultat. Cependant, le positionnement des Ochrophyta est sensible au modèle d'évolution des séquences utilisé, ce qui fait que parfois les Ochrophyta ne se regroupent pas avec les autres plastes complexes rouges. Nous avons observé que les plastes des cryptophytes et des haptophytes sont étroitement liés dans toutes nos analyses, suggérant qu'un transfert de plastes relativement récent a eu lieu entre ces deux groupes. Nos résultats réfutent plusieurs scénarios évolutifs, comme ceux qui proposent un transfert récent de plastes entre les haptophytes et les ochrophytes. Enfin, nous appliquons des techniques de datation moléculaire sur la phylogénie des plastes, ce qui nous aidera à estimer l'âge des événements endosymbiotiques potentiels qui ont abouti à la diversité actuelle des lignées porteuses de plastes rouges. Grâce à l'utilisation de différents ensembles de calibrations fossiles, nous souhaitons obtenir des estimations fiables de l'âge des événements endosymbiotiques. Ainsi, nous serons en mesure de déterminer non seulement quels événements endosymbiotiques ont eu lieu, mais aussi l'ère géologique dans laquelle ils se sont déroulés.