Thèse soutenue

Réponse à l'échelle génomique des communautés planctoniques au réchauffement climatique et conséquences sur leur biogéographie

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Auteur / Autrice : Paul Frémont
Direction : Olivier JaillonMarion Gehlen
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Écologie
Date : Soutenance le 08/11/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Structure et Dynamique des Systèmes Vivants
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Génomique métabolique (Evry, Essonne ; 2000-....) - Génomique métabolique
référent : Université d'Évry-Val-d'Essonne (1991-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Hélène Morlon
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Jaillon, Marion Gehlen, Laurent Bopp, Sakina-Dorothée Ayata, Christophe Ambroise, Samuel Chaffron
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Bopp, Sakina-Dorothée Ayata

Mots clés

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Résumé

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Le plancton marin est constitué d'organismes microscopiques allant des virus jusqu'aux petit métazoaires en passant par les bactéries et les protistes. Il est transporté passivement par les courants, prospère sur l'ensemble des océans et a plusieurs rôles cruciaux au sein du système Terre. Le phytoplancton permet par la photosynthèse la production primaire de matière organique dans les océans soutenant l'ensemble des réseaux trophiques océaniques. Le plancton participe aussi à la pompe à carbone biologique, mécanisme par lequel la matière organique sédimente vers les fonds marins et y est stockée. Il est aujourd'hui primordial d'évaluer et projeter la réponse du plancton au changement climatique provoqué par la combustion des énergies fossiles. Dans cette thèse, j'étudie cette question sous le prisme de la biogéographie, discipline s'intéressant à la distribution des organismes dans et en interaction avec leur milieu à travers le temps et l'espace. Dans une première partie, j'étudie à l'aide des données omiques des expéditions Tara Océans et des modèles climatiques la distribution du plancton dans les océans et sa réponse au changement climatique. Il est mis en évidence un partitionnement des océans en provinces génomiques dépendant de la taille des organismes. Ces provinces sont mises en relation avec les paramètres physico-chimiques à l'aide de techniques de machine learning et extrapolées à l'ensemble des océans. Un ensemble de « génomes signatures » pour chaque province est aussi mis en évidence. Une importante réorganisation des provinces en réponses au changement climatique est projetée sur environ 50% des océans d'ici la fin du siècle. D'importants changements en composition du plancton sont projetés et mis en lien avec une diminution de 4% de la pompe à carbone biologique ce qui aurait un effet aggravant sur le changement climatique. Dans une seconde partie, j'étudie les changements de l'expression des gènes du plancton eucaryote le long de la transition entre l'océan Atlantique Nord et le bassin Arctique. Parmi les variables physiques, la température est la variable expliquant le mieux les changements transcriptionnels. L'analyse fonctionnelle des gènes corrélant avec le gradient fort de température révèle une stratégie commune d'acclimatation des algues eucaryotes. Cette stratégie inclut d'importants changements dans la machinerie d'expression génétique mais aussi la surexpression d'un ensemble de fonctions liées à l'acclimatation au froid. A l'échelle des communautés, des processus liés à la maintenance du pool protéique et de la machinerie transcriptionnelle semblent plus actifs dans l'arctique. Dans une troisième partie, je développe un modèle mécanistique basé individu de communauté de phytoplancton structurée par la taille et advectée dans un champ de vitesse imitant la circulation océanique Nord Atlantique. Le modèle représente les principaux groupes de phytoplancton: les cyanobactéries, les algues eucaryotes et les diatomées. Les caractéristiques écologiques de bases résultant de simulations sont présentées : α-diversité, biogéographie et biomasse. Une attention est apportée à l'importance du nombre de particules modélisées et son impact sur la diversité maximale représentée ainsi que l'influence des courants sur les niches écologiques des organismes modélisés. Cette thèse aborde des sujets et enjeux fondamentaux de l'écologie contemporaine et son apport s'inscrit dans la révolution omique du début du XXIème siècle. Une biogéographie génomique du plancton est proposée et sa réponse au réchauffement climatique est explorée. L'analyse omique in situ de la physiologie des algues unicellulaires du plancton à l'échelle de la communauté permet de mettre en évidence leurs capacités d'acclimatation directement dans leur milieu de vie. Enfin, le modèle basé individu du phytoplancton permet d'explorer théoriquement de nombreuses questions écologiques à mettre en lien dans le futur avec l'analyse des données omiques.