Les interactions entre la concentration et la diversité des marchés, les engagements liés à l'environnement alimentaire et les pratiques associées des grandes entreprises alimentaires sur les marchés européens, belges et français
The interplay between market concentration and diversity, food environment related commitments and associated practices of major food companies across European, Belgian and French markets
Résumé
The main objective of this thesis was to analyse from an economic and a public health perspective how the food industry (packaged food and beverage manufacturers, quick-service restaurants and supermarkets) influences what foods we acquire, prepare and consume. This influence takes place each time that we interact with the physical, economic, political and socio-cultural aspects of the environment surrounding us, collectively called the food environments. Examples of such interactions are the advertisements on TV, the sweets at supermarket checkouts and the higher prices of healthier products compared to less healthy alternatives. Other activities take place behind closed doors. Think of lobbying, campaigns to influence the public opinion, mergers, acquisitions and how companies position themselves on the market. These are all activities which can provide companies with the ability to structure food environments to suit their own private interests.Within the economic perspective, it was assessed how market concentration and diversity across Europe affects food environments. It was found that the major food and beverage manufacturers were similar across European countries with moderately to highly concentrated product markets. The latter may be of concern as this thesis found that market concentration significantly predicted an increase in the proportion of sales derived from (less healthy) ultra-processed foods. Based on the similarity of food and beverage manufacturers across Europe this thesis suggested that food and beverage markets may benefit from being approached as homogenous across Europe from a public health point of view. This would facilitate the implementation of nutrition policies for the industry and reduce the administrative burden accompanying policy development, implementation and monitoring. The picture observed for quick-service restaurants and supermarkets was different from the one for food and beverage manufacturers. Comparable to the latter, the biggest quick-service restaurants were similar across Europe, but there was a remarkably higher number of small companies at national level. In contrast, several different supermarkets were observed across Europe, but at country level only a limited number of different supermarkets could be identified. As such it is suggested to approach these industries as heterogeneous across Europe from a public health perspective. Consequently this thesis recommended to maintain the development and implementation of nutrition policies affecting quick-service restaurants and supermarkets at country level.Within the public heath perspective, this thesis assessed the transparency, comprehensiveness and specificity of the nutrition-related commitments made by the food industry as well as some company practices and the relationship between commitments and practices. At European level it was found that publicly available nutrition-related commitments of major food companies fell short of recommended best practices. The lion’s share of sales was for ultra-processed product categories and product categories not-permitted to be marketed to children. A similar pattern was observed within the case studies in Belgium and France where companies had the opportunity to verify and complete the publicly available commitments. The additionally collected performance data across domains such as ‘Product formulation’ and ‘Product and brand promotion’ documented largely unhealthy company practices. There was no indication of a relationship between the strength of companies’ commitments and the healthiness of company practices according to the performance indicators.All results indicated a need for European and national government regulation to guide, monitor and support food industry efforts to improve food environments.
L'objectif principal de cette thèse était d'analyser, d’un point de vue économique et de santé publique, comment l'industrie alimentaire (fabricants de boissons et d'aliments emballés, restauration rapide et supermarchés) influence les produits que nous acquérons, préparons et consommons. Cette influence s'exerce à chaque fois que nous interagissons avec les aspects physiques, économiques, politiques et socioculturels de l'environnement, appelés les environnements alimentaires. La publicité à la télévision, les sucreries aux caisses des supermarchés et les prix plus élevés des produits les plus sains comparés aux alternatives moins saines en sont des exemples. D'autres activités d’influence moins sur le devant de la scène existent. Pensez au lobbying, aux campagnes visant à influencer l'opinion publique, aux fusions/acquisitions et à la façon dont les entreprises se positionnent sur le marché. Toutes ces activités permettent aux entreprises de structurer les environnements alimentaires en fonction de leurs intérêts.S’agissant de la perspective économique, il a été évalué comment la concentration et la diversité des marchés en Europe affectent les environnements alimentaires. Il a été constaté que les principaux fabricants d'aliments et de boissons étaient similaires dans les pays européens, avec des marchés de produits modérément voire fortement concentrés. Cela peut être préoccupant car une concentration accrue et une diversité réduite du marché ont permis de prédire une augmentation des ventes de produits ultra transformés (moins sains). Compte tenu de la similarité des fabricants d'aliments et de boissons en Europe, il est suggéré que ces marchés pourraient bénéficier d'une politique de santé publique homogène au niveau de l’Europe. Cela faciliterait leur application pour l'industrie et réduirait la charge administrative accompagnant leur élaboration et leur application. Le constat est différent pour la restauration rapide et les supermarchés. Les plus grandes chaines de restauration rapide étaient similaires dans toute l'Europe, mais il existait un nombre remarquablement plus élevé de petites entreprises au niveau national. En revanche, plusieurs supermarchés différents ont été observés à travers l'Europe, mais au niveau national, seul un nombre limité de supermarchés différents a pu être identifié. Il est suggéré d'aborder ces industries comme hétérogènes à travers l'Europe dans une perspective de santé publique. Cette thèse recommande de maintenir le développement et l’application de politiques nutritionnelles pour la restauration rapide et les supermarchés au niveau national.S’agissant de la perspective de santé publique, la transparence, l'exhaustivité et la spécificité des engagements pris par l'industrie agroalimentaire en matière de nutrition ont été évalués, ainsi que certaines pratiques des entreprises et la relation entre les engagements et les pratiques. Au niveau européen, on a constaté que les engagements nutritionnels des grandes entreprises agroalimentaires étaient en deçà des meilleures pratiques recommandées. La plupart des ventes concernait les produits ultra-transformés et les produits non autorisés à être commercialisés auprès des enfants. La même chose a été observé dans deux études en Belgique et en France dans laquelle les entreprises ont eu la possibilité de vérifier et compléter les données publiques disponibles. Les données de performance collectées dans les domaines ’Formulation de produit’ et ‘Marketing produit et marque’ ont révélé des pratiques largement malsaines. Rien n'indique dans nos données que des engagements plus forts se traduisent par des meilleures pratiques des entreprises.Tous ces résultats montrent la nécessité d'une réglementation européenne et nationale pour guider, contrôler et soutenir les efforts de l'industrie agroalimentaire pour améliorer les environnements alimentaires.
Origine : Version validée par le jury (STAR)