Thèse soutenue

Pertinence de la pratique des translocations végétales pour la conservation : une approche interdisciplinaire

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Auteur / Autrice : Mohamed Diallo
Direction : Bruno ColasAnne Charlotte Vaissière
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Écologie
Date : Soutenance le 24/01/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Agriculture, Alimentation, Biologie, Environnement, Santé (Paris ; 2000-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Écologie, systématique et évolution (Orsay, Essonne ; 2002-....)
référent : Faculté des sciences d'Orsay
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Nathalie Machon
Examinateurs / Examinatrices : Sylvain Pioch, Bertrand Schatz, Guillaume Papuga, Nathalie Frascaria Lacoste, Jérôme Millet
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvain Pioch, Bertrand Schatz

Résumé

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Les actions de conservation sont essentielles pour la conservation des espèces menacées dans le monde. Les revues de la littérature indiquent une forte augmentation des translocations de conservation, c’est-à-dire, le déplacement d’organismes, plantes ou animaux, dans un but conservatoire pour restaurer des populations. Une large proportion de ces translocations échoue à établir des populations viables et les raisons de ces échecs sont dues entre autres aux conditions environnementales au niveau des sites d’accueil. Dans cette thèse, en utilisant les données issues de la base de données TRANSLOC, qui regroupe des données sur les translocations (d’animaux, de plantes et de lichens) réalisées en Europe et dans le bassin Méditerranéen, associées à des entretiens semi-directifs auprès des acteurs des translocations en France, nous étudions, à travers une approche interdisciplinaire, la pertinence des translocations végétales de conservation pour identifier des leviers permettant d’améliorer la pratique, l’évaluation et in-fine le résultat de ces translocations. Nous avons étudié les orientations et les distances climatiques et géographiques entre les sites d’origine et d’accueil des translocations végétales réalisées au cours des 50 dernières années en Europe et dans le bassin méditerranéen. Nous montrons que les translocations sont réalisées à des distances allant de 0 à 661 km avec une majorité d’entre elles (82%) situées à moins de 25 km, sans aucune orientation préférentielle. Nous montrons aussi que les sites d’accueils sont légèrement, mais significativement plus frais que les sites d’origine. Toutefois, le changement climatique n’est pas une considération majeure dans le choix des sites de translocation. Pour la suite des travaux, nous prenons comme cas d’étude la France. Tout d’abord, nous traitons des statuts de conservation et de protection des espèces transloquées, des menaces identifiées à l’origine des translocations ainsi que des motivations, aux échelles nationale et régionale. Dans la majorité des cas, les translocations portent sur des espèces qui ne sont pas menacées (au sens de l’UICN) au niveau national et régional, ni protégées au niveau national. Toutefois une majorité de ces espèces sont protégées dans les régions de translocation. S’agissant des menaces ayant conduit aux translocations des populations que nous avons étudiées, nos résultats indiquent qu’il s’agit principalement de perte ou dégradation des habitats liées, en particulier, à la modification des systèmes naturels, au transport, à la production d’énergie, et au développement résidentiel et commercial. Ensuite, nous étudions le coût économique des translocations pour les Conservatoires Botaniques Nationaux (CBN), un des acteurs majeurs des translocations végétales. Les phases de pré et post-translocation sont plus couteuses que la phase de translocation en elle-même, et s’explique par le temps nécessaire aux agents pour monter les dossiers de dérogation et pour le suivi des populations après la translocation. Ces travaux de thèse nous permettent de faire au moins deux préconisations pour améliorer la pertinence des translocations végétales. Nous recommandons de porter une attention particulière aux enjeux du réchauffement climatique lors du choix des sites d’accueil au risque sinon de déplacer des espèces vers des habitats qui deviendront rapidement peu favorables à leur établissement. Nous soulignons également l’importance de la prise en compte des facteurs socio-économiques lors des translocations dont les paramètres, en pratique, ne dépendent pas uniquement de facteurs biologiques.