Les témoins silencieux : le pillage du mobilier et des oeuvres d'art en France occupée et la mise en oeuvre des politiques de restitution (1940- années 1950)
Auteur / Autrice : | Margaux Dumas |
Direction : | Sophie Cœuré, Bénédicte Savoy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance le 08/12/2022 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Identités, cultures, territoires (Paris ; 1992-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Marc Dreyfus |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Marc Dreyfus, Christian Fuhrmeister, Manuel Charpy, Meike Hopp | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Marc Dreyfus, Christian Fuhrmeister |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Ce travail, à travers l'étude d'objets saisis en France pendant l'occupation allemande et le régime de Vichy entre 1940 et 1944, analyse les processus de spoliation et de restitution ainsi que leur perception par les acteurs. Retracer la translocation des objets permet de visualiser les enjeux sociaux, administratifs et patrimoniaux de la spoliation et de la restitution de tous les types d'objets constituant les intérieurs des années 1930-1940. Dès l'été 1940, les autorités allemandes, via notamment l'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, ont commencé à cibler et saisir des oeuvres et objets d'art, manuscrits, livres et archives. L'ERR n'était pas la seule autorité chargée de prendre les biens artistiques, en raison du caractère polycratique de l'Allemagne nazie. La Möbel-Aktion est mise en place au début de l'année 1942, dès lors tous les biens sont saisis dans une logique antisémite et génocidaire. Ces spoliations à la fois idéologiques et répondant à des impératifs économiques et de puissance sont en concurrence avec le régime de Vichy qui, dans une logique de conservation de sa souveraineté, a instauré ses propres politiques de saisie de biens privés. Si à partir de la Libération les administrations changent, une forme de continuité a survécu et c'est en étudiant une large typologie de biens spoliés qu'il est possible de saisir la complexité de l'organisation des saisies par les nazis, et, en regard, des efforts mis en place pour restituer et récupérer ces objets. Après la Libération de Paris, à l'automne 1944, les autorités politiques, les administrations ministérielles et les victimes de spoliation s'engagent dans un long processus de récupération en France et dans les territoires de l'ancien Reich nazi jusque dans les années 1950. Trois entités sont alors mises en place : l'Office des biens et intérêts privés, la Commission de récupération artistique et le Service de restitution des biens des victimes des lois et mesures de spoliation. Elles répondent à des objectifs différents mais travaillent en étroite collaboration. Suivre ces objets à travers des archives dispersées (elles-mêmes objets de spoliation et de restitution), permet de s'interroger sur le sens donné à ces saisies, les gestes de l'appropriation, l'enjeu des restitutions, ainsi que l'impact des catégorisations entre objets d'art et objets du quotidien, et, ce faisant, de maintenir mémoire des intérieurs disparus, particulièrement à Paris, et des personnes victimes des persécutions nazies.