''(Though) they are of monstrous shape'' : monstres et émotions dans le théâtre de Shakespeare
Auteur / Autrice : | Manon Turban |
Direction : | Ladan Niayesh |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue et cultures des sociétés anglophones |
Date : | Soutenance le 14/10/2022 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de recherches sur les cultures anglophones (Paris ; 2014-2024) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Kapitaniak |
Examinateurs / Examinatrices : Ladan Niayesh, Pierre Kapitaniak, Christine Sukic, Yan Brailowsky, Mickaël Popelard | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Sukic, Yan Brailowsky |
Résumé
Si les monstres et des émotions dans le théâtre de Shakespeare suscitent depuis une vingtaine d'années maintenant un enthousiasme constamment renouvelé auprès de la critique, très peu de travaux se proposent de les analyser conjointement. La rencontre s'avère pourtant fructueuse puisque l'analyse des monstres au travers du prisme d'émotions que, tour à tour, ils incarnent, suscitent, ou encore ressentent, fait émerger une trajectoire distincte pour le monstre shakespearien dans les productions théâtrales du Barde. Dans les pièces de jeunesse où il est principalement mobilisé comme code visuel ou verbal de l'émoi délétère, le monstre est condamné au bannissement ; dans les comédies et pièces historiques produites à la fin du XVIe siècle, cette exclusion de la société humaine n'est plus nécessaire alors que le monstre suscite des émois positifs, du rire au désir en passant par l'émerveillement, qui lui permettent d'exister dans un groupe humain qu'il mettait au préalable en péril ; dans les tragédies, « problem plays » et romances composées à partir de 1600, le rapprochement du monstre de la communauté s'accentue : l'Autre monstrueux devient, du fait des affects qu'il exprime sur scène, un alter ego pour qui le spectateur peut nourrir une certaine compassion tandis que le représentant d'une norme établie voit ses affects le métamorphoser irrémédiablement en monstre. L'hypothèse défendue dans ce travail pour expliquer cette trajectoire, de l'exclusion du monstre à son intégration dans la communauté humaine, est celle d'une émancipation progressive face aux héritages tant littéraires qu'iconographiques et médicaux faisant du monstre une allégorie de l'émotion néfaste. L'enjeu derrière cette émancipation est, d'un côté, de répondre au contexte dans lequel le dramaturge compose ses œuvres, et, de l'autre, de mener à bien le projet de l'œuvre de brosser un portrait complexe de l'humanité.